Claude Tchamitchian Solo et sa contrebasse avec In Spirit, qui renouvelle subtilement sa palette sonore

Trente ans séparent ce nouveau concert en solo du premier album en leader mais déjà en solitaire de Claude Tchamitchian, Jeu d’enfants. Le contrebassiste y posait les bases de ce qui fera son style : un lyrisme à fleur de cordes. Cette apnée initiatique au cœur de son instrument dit beaucoup de ce que représente ce musicien sur la scène du jazz actuel. Partenaire demandé et leader d’un orchestre à géométrie variable, Lousadzak, cofondateur du label Émouvance et créateur de festival, Claude Tchamitchian œuvre depuis des décennies sur tous les fronts mêlant jazz, musiques improvisées et musiques traditionnelles.  Hier aux côtés de l’un de ses premiers guides, l’irradiant André Jaume, puis avec le saxophoniste François Corneloup, aujourd’hui avec Naïssam Jalal comme Andy Emler, sans oublier le remarquable bandonéoniste Cesar Stroscio.

De la spiritualité

La liste est longue de ceux avec qui il a partagé, la scène comme une session. Des improvisations les plus débridées aux mélodies les plus intimes, sans oublier tout son travail pour le théâtre et la danse, tous ceux-là résonnent désormais dans sa contrebasse à l’heure de la soixantaine passée. « La conception de ce troisième solo obéit à la même nécessité d’explorer de nouveaux territoires et de développer de nouveaux langages propres à la contrebasse », analysait après-coup le contrebassiste. « Cette fois, j’ai entendu assez précisément tout l’univers sonore, contrairement à tout ce que j’ai pu écrire auparavant où une source d’inspiration provoquait un work in progress. » Le résultat intitulé In Spirit est une suite impressionniste, à l’archet comme aux doigts, qui renouvelle subtilement sa palette sonore, sans pour autant en changer la couleur fondamentale : bleu nuit.

Jacques  Denis