Catherine Rossi-Batôt nous présente la première édition du festival Films et expériences de danse

Comment est née l’idée de créer un lieu spécifique alliant la danse et l’image ?

Catherine Rossi-Batôt : Quand j’ai écrit, en 2009, mon projet pour LUX, j’ai privilégié la danse ainsi que les arts visuels, de la photographie aux arts numériques. Mon intérêt portait sur le mouvement et sa structure, commune au cinéma et à la danse, sur le fécond potentiel du dialogue entre ces arts. LUX est installé dans un ancien cinéma, mais notre salle de spectacle n’a été construite qu’en 2014. Afin de concrétiser cette intention, j’ai développé auparavant de nombreux projets in situ, et d’autres manières de présenter la danse, notamment sous forme de ciné-danse, ou par diverses expérimentations autour d’expositions car nous possédions deux espaces dédiés. J’aurais pu rater ce pari. Mais beaucoup de gens m’ont aidée. Comme Jean-Claude Gallotta qui a créé un spectacle pour nous, sans plateau ! Aujourd’hui, nous privilégions l’accompagnement des artistes, avec des coproductions de spectacles et de films de danse, comme Maldonne de Leïla K., ou Fragments, le film de Noé Soulier. Nous envisageons pour 2028 la construction de deux studios de répétition, à partir de la rénovation de salles de cinéma situées à côté de LUX, avec un studio de capture du mouvement et un de mapping, au moment où image et danse se rapprochent à travers ces technologies. Cette édition 2025 s’inscrit dans cette perspective.

« Notre idée est de montrer la créativité des chorégraphes dans le champ de la réalisation cinématographique. »

Comment se présente ce nouveau festival, qui s’adresse aux publics et aux professionnels ?

C.R.-B. : La journée professionnelle est dédiée à toutes sortes de questions : le renouvellement des formes, les esthétiques, les modalités de production et de diffusion des œuvres à l’heure des plateformes numériques, réseaux et autres supports. Ces outils demandent d’être toujours plus agiles pour inventer de nouveaux formats afin de « mieux produire et mieux diffuser », selon le credo du ministère de la Culture. C’est d’autant plus nécessaire pour les films de danse qui tendent vers des propositions en VR (réalité virtuelle). Cette journée propose des tables-rondes, ainsi que des « pitches » lors desquels des réalisateurs présentent en quinze minutes leur projet à des producteurs potentiels. Lors de ce nouveau festival, nous proposons au public de découvrir une grande diversité de films : Christophe Haleb à travers une rétrospective passionnante, mais aussi Yvann Alexandre ou Loïc Touzé, et sans doute un film un peu plus grand public comme Danser Pina. Aussi, Mehdi Kerkouche présentera son Boléro.s, tourné à Créteil. Notre idée est de montrer la créativité des chorégraphes dans le champ de la réalisation cinématographique. À la fois avec des œuvres nouvelles, comme l’avant-première du film Les amis de Fontbarlettes de Julie Desprairies et Louise Narboni, mais aussi en remontant le temps en invitant Wim Vandekeybus, qui a une longue histoire avec la vidéo et le cinéma. Nous allons également montrer les films soutenus par la Délégation à la Danse du ministère de la Culture, à travers des propositions très novatrices, que ce soient des courts ou longs métrages, des documentaires, des essais, des fictions. L’idée est que ce festival s’ancre dans le temps. Nous organisons aussi une formation, en collaboration avec le rectorat, intitulée Filmer le corps en mouvement. Il y a eu tellement d’inscrits que nous avons dû diviser par deux le nombre de participants ! Cette effervescence témoigne de l’appétence pour nos propositions.

Propos recueillis par Agnès Izrine