Sylvain Rifflet, beaux hommages Aux Anges
Pour son nouvel album, le saxophoniste salue [...]
Focus -297-En direct avec les artistes Génération Spedidam
Pianiste, compositrice et cheffe d’orchestre d’origine polynésienne, Carine Bonnefoy renouvelle les conventions du big band en l’hybridant à d’autres formes orchestrales.
Vous êtes reconnue notamment pour vos choix d’écriture et d’orchestration pour grand ensemble. Existe-t-il un « jazz symphonique » ?
Carine Bonnefoy : Oui bien sûr. Peu importe la bannière sous laquelle on place cette expérience particulière qui existe depuis que le jazz est jazz. Sa principale caractéristique est le mélange des instruments et profils de musiciens qui ont trait au jazz et ceux issus de l’orchestre symphonique : pour exemple, la coexistence au sein de l’instrumentation d’une section rythmique et d’une section de cordes ou de vents comme les hautbois et bassons… Il faut retenir aussi le caractère agogique ou la notion de pulse régulière mais surtout une attention portée à la forme et à l’agencement des éléments qui la constituent. Cela représente l’essentiel de mes activités d’écriture, et j’ai d’ailleurs écrit une thèse de doctorat sur son aspect historique mais surtout sur ses aspects analytique et expérimental.
Ce choix de constituer un large ensemble implique des choix économiques. Dans un contexte de rétrécissement des concerts dû à la crise sanitaire, vous a-t-il fallu vous adapter ?
C.B. : C’était déjà compliqué avant la crise sanitaire. J’ai toujours essayé de m’adapter ; on a tous des rêves, on fait en sorte de les réaliser en adéquation avec ses ressources ou moyens matériels. Certaines personnes ont été essentielles dans l’accompagnement de mes choix artistiques, notamment Thierry Durepaire (MusicBox Publishing) tout comme Vince Mendoza qui m’a encouragée à poursuivre. Certes, cela exige beaucoup de travail, mais c’était primordial. Le « grand » orchestre est un espace où je me sens bien quel que soit l’enjeu.
Pourquoi avoir choisi ce titre : Today is Tomorrow ? Une définition des enjeux du jazz ?
C.B. : Il s’agit plutôt d’un ressenti. Aujourd’hui c’est demain : il y a un aller vers, une quête du pourquoi et le besoin d’avancer ensemble, d’apprendre des autres. C’est en premier lieu la référence au film « Un jour sans fin » dans lequel un homme revit la même journée tant qu’il n’a pas trouvé la clé de ses problèmes. Le grand ensemble c’est un peu tout ça finalement. La deuxième référence est un hommage à ma terre d’attache polynésienne : quand il est aujourd’hui à Tahiti, il est demain en métropole… Être à l’autre bout de la terre, la tête en bas : un équilibre en ces deux points.
Propos recueillis par Jacques Denis
au Printemps du Jazz, Lognes