Anne Sauvage présente l’édition 2023 de June Events, un moment de partage de l’expérience de la danse

Quelle est l’identité artistique du festival ?

Anne Sauvage : June Events témoigne de la richesse et de la diversité de la création chorégraphique et s’attache à la faire partager le plus largement possible. C’est pourquoi, au-delà de mes choix de spectacles, je suis très attentive aux espaces et aux contextes de présentation des œuvres, à l’hospitalité, aux différentes rencontres offertes aux publics, et particulièrement à la jeunesse, pour qu’elle puisse partager pleinement l’expérience de la danse. Une expérience qui résonne avec l’actualité et les enjeux de notre monde contemporain. L’identité du festival s’est construite, année après année, autour de la place des femmes chorégraphes dans sa programmation, des liens entre la danse et les autres arts, du dialogue entre propositions scéniques et propositions situées… Aujourd’hui, nous nous engageons sur des projets avec toujours plus de diversité et d’inclusion. L’identité de June Events est également liée à l’Atelier de Paris, qui me paraît plus que jamais être un lieu idéal pour la création et la transmission, un lieu inspirant pour mieux nous inscrire dans une dynamique écologique, responsable et solidaire.

« June Events est un moment propice à la découverte. »

June Events permet-il de tisser un lien particulier au public, à l’image du reste de la saison du CDCN ?

A.S. : June Events est un moment propice à la découverte. Pour les personnes qui n’ont pas l’habitude de se rendre au théâtre, la circulation entre les propositions, la convivialité, l’échange avec les artistes font qu’elles acceptent peut-être plus facilement l’inconnu. Elles peuvent circuler d’une rencontre avec un artiste en studio, à un spectacle d’une jeune compagnie, puis à une pièce écrite pour un grand plateau. Elles peuvent aussi se restaurer, profiter de l’écrin de la Cartoucherie et rester danser ! À l’instar des artistes qui sont programmés au cours de la saison et invités dans le festival avec un autre spectacle ou dans un contexte différent, une porosité existe aussi pour les publics entre les différentes activités et temporalités offertes par le CDCN.

Les démarches artistiques expriment-elles une forme de réponse face à l’inquiétude que suscite le futur ?

A.S. : En cette période postpandémique, beaucoup d’artistes convoquent à nouveau nos sens – et mêmes nos sensations olfactives – dans des formes de représentation réinventées, en proximité avec les publics. J’y vois un geste significatif de notre époque. Beaucoup de spectacles sont présentés cette année avec une musique live et le travail autour du souffle et de la voix est particulièrement mis à l’honneur. Comme pour retrouver un élan vital. De la même façon, il y a un sentiment d’urgence qui s’exprime. Face à un monde en crise, il y a un fort besoin de communauté, et les artistes n’hésitent pas à poser la question de ce que peut ou doit être la création aujourd’hui.

Propos recueillis par Agnès Santi