Ambra Senatore présente « Solo création », « Giro di Pista » et « Café Libertà »

Comment est née la création de ce solo ?

Ambra Senatore : En 2020, j’ai réfléchi à des questionnements qui provenaient d’une certaine nostalgie, d’un mal du pays. J’ai réalisé qu’autant l’Italie est proche géographiquement et culturellement, autant c’était un déracinement pour des personnes qui ne peuvent faire marche arrière. En lien avec la répression en Afghanistan, avec le désir de révolte des Iraniennes, j’ai recueilli des récits qui parlent de départs obligés et de retours impossibles, mais aussi d’exil intérieur. Ce solo est aussi une pièce où, pour une fois, je danse intensément et je chante presque tout le temps. Le compositeur Jonathan Seilman retravaille ma voix en direct, et la mêle à ses propositions musicales.

« Ce solo est une pièce où, pour une fois, je danse intensément et je chante presque tout le temps. »

Vous présentez aussi Giro di Pista, quel en est le principe ?

A.S. : Giro di Pista, tour de piste en français, est une pièce que j’ai créée avec Marc Lacourt, comme une sorte de bal participatif, où les publics deviennent les complices des interprètes professionnels. Nous ne proposons pas des danses existantes que nous apprenons aux participants, mais nous inventons un contexte un peu magique au début, qui est comme un sas entre la vie quotidienne et un espace de rêve, comme si nous préparions une fête ensemble.

Et Café Libertà ?

A.S. : La pièce est née d’une proposition de Jérôme Correas, directeur artistique et chef d’orchestre des Paladins, autour de La Cantate du café de J.S. Bach, et de celle de Nicolas Bernier (1664-1734). Elle réunit quatre danseurs, quatre chanteurs et l’orchestre. Nous donnons au spectacle une dimension féministe et humoristique car les femmes n’avaient pas le droit de boire de café à l’époque, baroque. Et un côté politique, car c’est au café que se fomentaient les idées révolutionnaires. Le contenu est aussi en lien avec l’esclavage et la déforestation. N’oublions pas que c’est la deuxième consommation au monde après le pétrole !

Propos recueillis par Agnès Izrine