La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -325-Le Théâtre de Suresnes Jean Vilar rayonne tous azimuts

Carolyn Occelli fait vivre l’écoute, la créativité et l’intelligence collective

Carolyn Occelli fait vivre l’écoute, la créativité et l’intelligence collective - Critique sortie  Suresnes Théâtre de Suresnes Jean Vilar
© Arnaud Kehon Carolyn Occelli, directrice du Théâtre de Suresnes

Entretien Carolyn Occelli

Publié le 26 septembre 2024 - N° 325

Directrice du Théâtre Jean Vilar depuis juillet 2022, Carolyn Occelli déploie un projet fortement ancré dans son territoire, qui permet à l’art d’essaimer sans frontières.

De quelle manière se manifeste le soutien aux artistes ?

Carolyn Occelli : De multiples manières ! En premier lieu, je suis très heureuse que suite au projet que nous avons monté, nous ayons obtenu pour la période 2024-2027 le label Scène conventionnée d’intérêt national art et création pour la danse. Ce conventionnement renouvelé, acté par l’État, constitue un marqueur pour le théâtre et pour les artistes qu’il accompagne. Le soutien des autres tutelles, Ville, Département et Région, le complète dans une grande cohérence. Le théâtre est pour les artistes une maison ressource, proposant des accueils en résidence, des partages de compétences, des coproductions. Nos trois studios de répétition et nos plateaux sont mis à disposition des artistes, et nous mettons en place un accompagnement humain, une écoute. Je crois à l’intelligence collective, au partage des savoirs. Les artistes interviennent aussi dans l’action culturelle, à travers leurs connexions avec différents types de publics.

Comment concevez-vous cette implication des artistes auprès du public ?

C.O. : Il ne s’agit pas d’envoyer tous les artistes à l’école ou à l’hôpital mais de comprendre la complexité de l’artiste, de trouver un endroit d’enrichissement mutuel. Il est important pour moi d’être dans cette finesse. Notre accompagnement vise à construire des relais à l’extérieur du théâtre permettant aux artistes de voyager dans notre maison et en dehors, en trouvant des points d’appui, dans des associations, des hôpitaux, des établissements scolaires… Je crois que quelque chose qu’on a accompli enfant ouvre une porte, qui par la suite sera plus facile à franchir. L’inconnu a tendance à générer la peur, nous souhaitons à l’inverse faire reculer les appréhensions, ouvrir les imaginaires. Comme y invitent par exemple nos Dimanches en famille, la notion d’hospitalité est fondamentale pour nos artistes et nos publics.

« La notion d’hospitalité est fondamentale pour nos artistes et nos publics. »

Qui sont les artistes programmés cette saison ?

C.O. : Nous cherchons un équilibre entre des artistes de grande notoriété qui ont un effet locomotive, tels par exemple Joël Pommerat ou Hofesh Shechter, et des artistes émergents, ainsi qu’entre la création et le répertoire, que nous voulons faire vivre. Comme par exemple celui de Christian et François Ben Aïm, auteurs d’une trentaine de pièces. 2025 est la dernière année de notre belle association, qui s’achève par la création en ouverture de Suresnes Cités Danse de Tendre colère. Zelda Bourquin est une jeune artiste associée au théâtre. Comédienne, assistante metteure en scène, dramaturge et formidable pédagogue, elle présente son premier projet en tant qu’actrice et metteure en scène, La Fête des mères. Au fil de la saison nous retrouvons trois fois Ambra Senatore, que j’aime beaucoup, avec un nouveau solo, un grand bal pour enfants et parents, et le féministe Café Libertà, conçu avec l’ensemble de musique baroque Les Paladins dirigé par Jérôme Correas. Un bel exemple de créativité transdisciplinaire. À découvrir aussi le facétieux et intelligent Groupe Fantôme dans Futur et La Disparition, et François Morel, dont on se réjouit qu’il crée Art au Théâtre Jean Vilar en novembre.

La pluridisciplinarité est-elle ainsi un axe directeur de votre projet ?

C.O. : La danse constitue notre colonne vertébrale, mais notre programmation est pluridisciplinaire. C’est un ADN dont j’ai hérité avec bonheur d’Olivier Meyer, mon prédécesseur. Je recherche aussi la transdisciplinarité avec des spectacles qui mêlent les arts, à l’instar de Aesthetica par la compagnie Tango Unione, qui conjugue danse, cirque, slam, tango… Évidemment, le festival Suresnes Cités Danse est un poumon dansé dans notre saison, qui contribue fortement au rayonnement du théâtre, et qui permet d’aller chercher d’autres publics. J’essaie de diverses manières d’abolir les frontières visibles et invisibles, de faire tomber les étiquettes. En construisant la programmation, je m’efforce de repenser le rapport au spectateur. Si de nombreux spectacles sont proposés dans un dispositif frontal, d’autres remettent en jeu le lien habituel entre le public et la scène. Alors que l’époque privilégie le repli et le premier degré, notre projet lutte pour l’être ensemble, l’ouverture, le mélange de cultures, de langages, d’émotions.

 

Propos recueillis par Agnès Santi

A propos de l'événement

Théâtre de Suresnes Jean Vilar
16 place Stalingrad, 92150 Suresnes.

Tél : 01 46 97 98 10.

www.theatre-suresnes.fr

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