Un Espoir de Wendy Beckett
Pour aborder le sujet de l’adoption, [...]
Cette adaptation théâtrale de Virgin Suicides, roman de Jeffrey Eugenides porté à l’écran par Sofia Coppola à la fin des années 90, est menée de main de maître par la metteuse en scène Katia Ferreira. Le public adolescent, particulièrement visé par ce tragique conte contemporain, est singulièrement touché.
Le caractère très ambitieux de cette adaptation théâtrale, ne serait-ce qu’au regard de la complexité de l’intrigue romanesque, objet de surcroît il y a presque vingt ans d’une brillante adaptation cinématographique restée dans les esprits, pourrait faire douter. First Trip offre une nouvelle et belle occasion de se méfier des jugements a priori. Car le résultat est épatant. Katia Ferreira, qui a su s’agréger toutes les compétences nécessaires à la mise en œuvre de son ambition, maîtrise de bout en bout le récit et le déploie en ne sacrifiant rien aux différentes dimensions romanesques « pour décrire l’innocence déchue et les espoirs irrésolus d’une jeunesse désespérément en quête de sens ». Elle parvient à rendre sensible l’ensemble des variations narratives dans un spectacle immersif tour à tour onirique, romantique, mélancolique, comique, terrifiant. Pourquoi ces cinq sœurs, adolescentes, filles d’une famille puritaine de l’Amérique pavillonnaire des années 1970 ont-elles choisi de mettre fin à leurs jours alors que rien ne pouvait le laisser présager ?
Un rythme soutenu
Sur le plateau, vingt ans plus tard, les protagonistes, garçons proches des jeunes filles à l’heure des premiers vertiges érotiques, devenus hommes et pères de famille décidés à en finir avec l’obsession qui les taraude depuis le drame, insatisfaits des réponses données par les institutions, mènent l’enquête. Et les enquêteurs, acteurs investis d’une parole performative, avec beaucoup de naturel, nous entraînent, entre souvenirs et fantasmes, réalité et imaginaire, dans les méandres du développement de l’intrigue. A leurs prestations, celles des cinq jeunes filles n’ont rien à envier. Pas plus que celles des autres comédiens. Il faut aussi souligner la dextérité avec laquelle la pièce incorpore dans des scènes choisies les acteurs amateurs, lycéens invités à monter sur le plateau à point nommé. La scénographie stylée, modulable et pleine de ressources, entre en parfaite cohérence avec la dramaturgie au rythme soutenu, et relevée par le recours à la vidéo. Un lieu emblématique de l’adolescence, le gymnase du lycée, sert de cadre au déploiement de l’intrigue. Côté jardin, une oldsmobile, qui ne fera pas que de la figuration, tient l’avant-scène. En fond de plateau, la façade de la maison bleutée retient le mystère que la pièce éclaire avec sensibilité et sans ostentation.
Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
Du jeudi 12 au jeudi 19 mars 2020 à 20h30. Et dans le cadre du festival (des)illusions : le vendredi 20, le samedi 21 à 20h30, le dimanche 22 à 18h. Durée : 2h55 (avec entracte). Tél : 01 42 36 00 50. Spectacle vu au Théâtre-Sénart, Scène nationale.
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