Amrita Hepi et Mish Grigor explorent les débuts de la vie et de la danse dans « Rinse ».
Célébrant la danse comme lieu de mémoire et [...]
Présentée en intégralité au Festival Montpellier Danse, Figures in Extinction s’impose comme une œuvre chorégraphique hors normes, une pièce au bord du gouffre.
Fruit d’une collaboration au long cours entre Crystal Pite, chorégraphe canadienne, et le metteur en scène britannique Simon McBurney, cette trilogie conçue avec le Nederlands Dans Theater mêle gestes, textes et images pour explorer l’urgence écologique, l’aliénation humaine et la finitude de l’existence. Trois volets pour autant de seuils d’effondrement. Le premier, The List, déroule, façon oraison funèbre, les noms d’espèces disparues, sur fond de chorégraphies mimétiques, où les corps des danseurs deviennent panthère asiatique, oiseaux, ou orchidées. L’effet est poignant : les figures se disloquent à mesure que les noms s’accumulent, jusqu’à brouiller la frontière entre la vie et sa mémoire. Le Pyrenean Ibex et ses cornes est somptueux, tout comme la horde de caribous et leur effort collectif. L’irruption d’un climatosceptique, grotesque et inquiétant, vient troubler cette élégie : le déni est désormais aussi menaçant que l’extinction elle-même. Dans But Then You Come to the Humans, la pièce vire à l’introspection contemporaine. L’attention se porte vers l’intime : sur nos sociétés, fragmentées, hyper connectées, mais terriblement seules. Smartphones, réseaux sociaux, voix d’enfants fascinés comme devant un zoo humain : tout évoque un monde où la connectivité a remplacé la relation.
Donner corps au deuil
Inspirée des travaux de Iain McGilchrist sur les deux hémisphères du cerveau, cette séquence pousse la danse vers le théâtre d’idées, parfois au risque de l’essoufflement. McBurney injecte ici une parole parfois quasi didactique, autour du cerveau humain, du narcissisme numérique et de la perte d’empathie. Les danseurs se dédoublent en avatars mécaniques, happés par un flux de stimuli digitaux. La satire touche juste, même si l’exposé théorique bride parfois l’imaginaire chorégraphique. Requiem clôt la fresque. Ici, pas de mots, juste des souffles, des visages, des gestes suspendus. On y parle du deuil, de l’effacement— non pas comme finalité, mais comme passage. La mise en scène se resserre dans une chambre d’hôpital, avant de s’ouvrir vers des tableaux cosmiques, dans un saisissant clair-obscur signé Tom Visser, dont tout le travail sur des éclairages de fin du monde, plus impressionnants les uns que les autres, ajoute à ce triptyque toute sa grandeur, tout comme l’excellence des interprètes du NDT1. Dense, parfois trop, très narratif, souvent illustratif, avec les mots incessants de Simon Mc Burney, Figures in Extinction oblige à regarder en face ce que nous préférons souvent ignorer. À l’heure des urgences climatiques et sociales, ce spectacle n’est pas seulement un geste artistique, mais un acte citoyen.
Agnès Izrine
Du 25 au 27 juin à 20h. Tél : 04 67 60 83 60.
Théâtre de la Ville -Sarah Bernhardt, Place du Châtelet, 75004 Paris. Du 22 au 30 octobre. Tél. : 01 42 74 22 77. Durée 2h20.
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