Festival Instances

Le Festival Instances, lancé en 2003 à l’Espace des Arts, est d’abord né de la conviction de Philippe Buquet qu’il fallait donner plus de place à la danse. À l’époque, c’était un choix courageux, sinon téméraire, pour un directeur de Scène nationale issu du théâtre. Mais voilà quatorze ans que ça dure, avec, à chaque édition, une ligne de programmation qui fait rimer la danse avec l’urgence et Instances avec insistance. L’urgence, c’est d’abord celle de la création bien sûr qui pousse à « prendre des risques et soutenir la production d’œuvres ambitieuses nées ici », explique Philippe Buquet. Ce sera le cas avec Tatiana Julien, produite à sa demande par l’Espace des Arts, qui ouvrira cette 14^e édition avec Initio, une création qui oxygène la danse et l’opéra dans un croisement surprenant. Ce sera aussi l’occasion de découvrir « Les Plaisirs inconnus » du Ballet de Lorraine, une soirée surprise pour mettre en valeur les « oubliés de la gloire » que sont les danseurs.

Un festival aussi éclectique que politique

Instances, c’est aussi « s’inscrire dans notre contexte actuel, troublé, plein d’interrogations, tant au niveau artistique que dans une perspective politique et sociétale. » C’est pourquoi un temps fort sur l’Italie du Sud et notamment la Sicile est inclus en son sein. Ce parent pauvre de l’Europe culturelle étant aussi la terre d’accueil de milliers de réfugiés, il semblait important à Philippe Buquet de les soutenir, au plan économique comme symbolique. On retrouve donc à Chalon Giovanna Velardi, Emilio Calcagno et Michele di Stefano, des artistes peu connus en France qui méritent le détour. Et surtout, le festival Instances est un exemple d’éclectisme en matière chorégraphique. Là, on ne programme pas dans le mainstream de l’intérêt actuel, car « c’est plutôt le reflet d’une pensée globale sur le monde ». On retrouve donc l’excellent Welcome to Bienvenue de Xavier Lot, un solo qui raconte les entraves faites à l’accueil d’un danseur burkinabé, au côté de Voronia de Marcos Morau, étoile montante de la danse en Espagne, ou de Tordre de Rachid Ouramdane. Des spectacles qui, tous, nous parlent de vivre la différence.

Agnès Izrine