Faux mouvement

Sauts, glissements, bascules et renverses. Soudain explosions, accélérations brutales et stops abrupts… Ainsi vont et viennent les corps, dans un jaillissement de gestes savamment agencés, qui s’accordent et se désaccordent, ballottés d’une posture à l’autre. Chez Fabrice Lambert, le mouvement toujours cisèle l’espace, tissé dans une écriture précisément serrée. Dans Faux mouvement, quatuor créé en résidence au CND, le chorégraphe travaille sur des positions bancales, instables ou intenables, voire improbables ou impossibles, aiguisant sa réflexion par la pensée du philosophe Paul Virilio sur l’accident et la vitesse. « Ce qui m’intéresse dans l’absurdité de ces situations, ce n’est pas la contradiction en elle-même, mais le mouvement contrarié qui évoque une posture impossible : « saut perpétuel » d’une position à l’autre, « ballottement », « balancement », « va-et-vient », « navette » vertigineuse : c’est dans cette agitation le plus souvent imperceptible que sont produits des fantasmes, des effets de mirage… » explique-t-il. En scène, les corps en tension se conjuguent aux jeux d’optique et troublent les perceptions jusqu’à se mouvoir en illusions.

Gwénola David