Seuls
Avec Seuls, créé en 2008, Wajdi Mouawad [...]
La troupe du Berliner Ensemble s’empare de l’histoire du Docteur Faust pour une version endiablée, adaptée par Jutta Ferbers, dirigée par Robert Wilson, et mise en musique par Herbert Grönemeyer.
Dans le cadre de la programmation du Théâtre de la Ville, le Théâtre du Châtelet accueille la première mondiale de la nouvelle œuvre du Berliner Ensemble, créée en avril 2015 dans la capitale allemande, sur la scène mythique fondée par Bertolt Brecht. Le metteur en scène Robert Wilson a souvent collaboré avec cette troupe européenne historique, et le Théâtre de la Ville offre une vitrine parisienne à leurs spectacles depuis 2010. Robert Wilson trouve le matériau poétique de son dernier opus chez Goethe. Jutta Ferbers, dramaturge et metteur en scène du Berliner Ensemble, a organisé le texte original en version scénique. « Transformés en actions, gestes, images et lumières, interprétés par une équipe de virtuoses, comédiens, chanteurs, musiciens inventifs et rigoureux, ces récits donnent naissance à un théâtre total fascinant, une forme esthétique qui n’appartient qu’à Robert Wilson et dont le Faust I & II est le plus récent, le plus luxuriant exemple. »
Du Ciel au Monde et du Monde à l’Enfer
Les jeunes élèves de l’école Ernst Busch et leurs aînés, comédiens permanents et invités du Berliner Ensemble, s’emparent de cette « diabolade » – comme la nomme Michel Bataillon en référence à Boulgakov -, opéra pop et bal satanique « à la fois désinvolte et fort respectueux, paradoxal et donc conforme à l’univers faustien et goethéen ». Le récit est celui d’un Faust quadruple (joué par quatre interprètes en première partie), qui se singularise pour finalement fusionner avec sa moitié diabolique. La version de Robert Wilson n’insiste ni sur le drame social de Marguerite séduite par l’or et rachetée par la contrition, ni sur les spéculations métaphysiques du transgresseur désirant plus qu’il n’en sait, mais pioche dans les douze mille vers de la version originale pour y cueillir des tableaux, des épisodes dramatiques, des instants poétiques et des danses jubilatoires, pour un spectacle qui, selon les mots de Goethe, va « du Ciel au Monde et du Monde à l’Enfer ».
Catherine Robert