« Vive le sujet ! Tentatives » se poursuit avec Soa Ratsifandrihana, Yasmine Hadj Ali, Antoine Kobi et Ike Zacsongo-Joseph.
Vive le sujet ! Tentatives propose un terrain [...]
Avignon / 2025 - Entretien / Élise Noiraud
Applaudie notamment dans une épatante épopée autofictionnelle en trois temps, la comédienne et metteuse en scène Élise Noiraud a pour la première fois répondu à une commande, qui s’inscrit dans le sillage de son théâtre en prise avec l’environnement social et humain qui façonne les êtres. Le texte de Clotilde Cavaroc aborde un sujet méconnu voire tabou : l’accompagnement sexuel des personnes en situation de handicap.
Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter cette commande de la compagnie OrNotToBe ?
Élise Noiraud : Le projet m’a beaucoup touchée. À l’instar du théâtre que je pratique avec ma compagnie, le texte de Clotilde Cavaroc explore une thématique fortement ancrée dans le réel, liée au politique, et qui, de plus, s’avère méconnue. Le sujet de la sexualité des personnes en situation de handicap, et a fortiori celui des accompagnants sexuels auxquels elles font appel, sont des impensés de notre société. Si en Suisse les accompagnants sexuels de personnes en situation de handicap sont reconnus et rémunérés, en vertu du droit à la santé sexuelle que reconnaît l’OMS, la pratique demeure en France illégale car assimilée à de la prostitution, ce qui ne peut que renforcer le tabou. La pièce éclaire avec finesse la complexité et l’ambivalence d’une telle relation, sans aucun didactisme. C’est son humanité profonde qui rend la pièce universelle.
Qui sont les protagonistes ?
E.N. : En fauteuil roulant depuis un accident de voiture trois ans plus tôt, Clémence décide d’avoir recours à un accompagnant sexuel, afin de se réapproprier son corps, de redécouvrir un contact érotique. C’est ainsi qu’elle rencontre Antoine. Au fil de leurs rendez-vous les sentiments prennent le pas sur le contrat initial. L’amour s’échappe des cadres. Leur huis clos laisse place à une intensité émotionnelle mais aussi à une forme de recul sur eux-mêmes, à la légèreté et l’humour. Avant d’être une pièce de théâtre, le texte a donné lieu en 2022 à un court-métrage, primé dans plusieurs festivals, avec les mêmes comédiens. Kimiko Kitamura et Stéphane Hausauer sont absolument géniaux.
Comment traitez-vous leur intimité sur le plateau de théâtre ?
E.N. : Nous avons choisi un traitement non réaliste, aidés en cela par la chorégraphe Ira Nadia Kodiche, elle-même en situation de handicap suite à un accident. Je n’avais jamais travaillé en danse, et j’ai beaucoup aimé mettre en scène les corps qui racontent, mêlant puissance et délicatesse, s’adressant à notre commune humanité.
Propos recueillis par Agnès Santi
à 15h55, relâche les dimanches.
Tél : 04 90 03 01 90.
Durée : 1h10.
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