Une Heure avant la mort de mon frère
Après le diptyque Quand la nuit tombe en 2012 [...]
Avignon / 2015 - Entretien Sergio Boris
Le metteur en scène argentin Sergio Boris met en scène Le Syndrome, pièce qu’il a créée avec les élèves français de l’Ecole supérieure de Théâtre de Bordeaux en Aquitaine (Estba) : plongée dans l’incertain en une expérience transatlantique inédite.
Vous avez travaillé avec les élèves de l’Estba. À ce propos, vous dites qu’il s’agissait d’une aventure singulière qui vous a permis d’« explorer l’incertain » et de « travailler avec la déconcertation ».
Sergio Boris : « Explorer l’incertain », c’est en effet là où je cherche tout le temps à travailler, comme si nous y plongions. Sans doute la déconcertation est d’autant plus grande dans ce spectacle où se produit un choc de deux mondes, le monde français et le monde argentin.
« Le centre du théâtre, c’est l’acteur », dites-vous. Pourquoi ?
S. B. : L’acteur est au centre parce que c’est dans l’expressivité des corps des acteurs que se tisse la multiplicité des plans de la narration. Pour que cela ait lieu, il faut rompre avec la domination des idées et de la littérature. C’est l’acteur qui est le centre de l’accumulation dramatique. Je travaille avec un long temps d’improvisations sans trop me soucier de la construction du récit. Dans l’improvisation, je cherche l’expressivité et la musicalité, pas l’énonciation narrative. Nous essayons de créer des hypothèses de monde.
Quel est ce « syndrome » dont souffrent les exilés du Tigre ? Quelle est l’histoire de la pièce ?
S. B. : Je ne sais pas exactement quel est ce syndrome dont ils souffrent. Par contre il apparait qu’au bout d’un certain temps passé en Argentine, ils ont oublié la langue française et adopté l’espagnol. L’histoire raconte le jour où trois personnes, arrivant d’une France qui a cessé d’exister, débarquent sur l’île du Tigre et rencontrent les onze autres ex-Français qui y vivent. La bourse d’étude théâtrale qui leur permettait de survivre une fois épuisée, endettés auprès du propriétaire des lieux, ils acceptent la proposition des trois nouveaux venus, autoproclamés « Brigade Delacroix » : participer à un festival de théâtre à Misiones, province frontalièreentre l’Argentine, le Paraguay et le Brésil, où le théâtre va servir de couverture à la réunion de cette diaspora.
Vous explorez, avec ce spectacle, les symboles idéologiques rattachés à la France et à l’Argentine. Quels sont-ils ?
S. B. : La thématique du contraste entre « l’argentin » et « le français » produit des clichés. Ils ne constituent pas le sujet dont nous parlons, ils sont intégrés directement dans le récit. Ils sont la toile de fond d’une autre situation dramatique : l’amour qui se refroidit sans que l’on sache pourquoi, et l’oubli.
Propos recueillis par Catherine Robert
A 18h. Festival d’Avignon.
Tél. : 04 90 14 14 14.
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