« Angela (a strange loop) » de Susanne Kennedy & Markus Selg
L’autrice et metteure en scène Susanne [...]
Avignon 2023 - Théâtre - Critique
Mêlant faits réels et fiction théâtrale, rebondissements et mises en abyme, la pièce conçue par Dorian Rossel propose un voyage inédit à la découverte d’un poème voyageur.
Franchissant le temps et les frontières, l’histoire étonnante qui fonde la pièce est ici adaptée et recréée par Dorian Rossel et la bien nommée compagnie STT / Super Trop Top, qui non seulement réussissent la prouesse d’organiser le cheminement d’une intrigue complexe de manière limpide, mais parviennent aussi à explorer et donner sens à la subjuguante force de l’art qui prend son envol, relie les êtres et dépasse le cadre de sa création. Cela au présent de la scène, sans esbroufe, avec des traits d’humour et un goût de l’inattendu. Unissant faits réels et fiction théâtrale, la partition met en jeu un puzzle rocambolesque, une histoire à tiroirs, un voyage inédit centré autour d’un poète, ou plutôt d’un poème. Au départ, c’est la lecture d’un article paru dans le journal suisse Le Temps (17 décembre 2014), consacré à un poème signé par l’artiste chilien d’avant-garde Juan Luis Martìnez (1942-1993), qui a enclenché le désir de création.
Chemins de traverse
Sur la scène alternent des moments liés à l’élaboration de la pièce et des plongées dans l’histoire. Les personnages sont incarnés par trois excellents comédiens : Fabien Coquil, Karim Kadjar et Aurélia Thierrée. Parmi les protagonistes, réels ou fictifs, le fameux poète chilien, adepte de collages, de jeux d’identité, d’anonymisation, voire d’imposture, dont un poème a été repris en 1988 par la jeunesse chilienne au moment du référendum contre la dictature de Pinochet. Mais également un universitaire chercheur, Scott Bloom (de son vrai nom Scott Weintraub), chercheur en littérature hispano-américaine à l’Université du New Hampshire et grand spécialiste de Juan Luis Martínez. Très intrigué par un recueil intitulé Poemas del Otro (Les poèmes de l’autre), il mène l’enquête. Présents aussi, un autre Juan Luis Martinez, travailleur humanitaire et journaliste à la retraite d’origine catalane arrivé à Genève enfant qui, adolescent, a publié à Paris quelques écrits. Ainsi qu’une comédienne canadienne, en quête d’authenticité… Parfaitement maîtrisée, la narration captive et fait très joliment écho aux mots du suisse Juan Luis Martinez (le vrai) : « Apprendre que mes poèmes ont eu une vie autonome, c’est merveilleux. » Ainsi est l’art, qui au-delà des particularismes et des singularités ne connaît pas de frontière.
Agnès Santi
à 11h, relâche les 12 et 19. Tél : 04 90 86 17 12. Durée : 1h10
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