Soyez vous-même de Côme de Bellescize
Le jeune auteur et metteur en scène Côme de [...]
Avignon / 2019 - Entretien / Cédric Orain
Dans sa nouvelle création, Cédric Orain s’intéresse au phénomène de la disparition volontaire. A ce qu’il provoque chez ceux qui restent.
Pour l’écriture de vos derniers spectacles, vous partiez d’œuvres non théâtrales existantes, comme L’Abécédaire de Gilles Deleuze, un article de Valère Novarina ou le roman L’Amour pur d’Agustina Izquierdo. Est-ce aussi le cas dans Disparu ?
Cédric Orain : Pas du tout. La dernière fois que j’ai écrit entièrement un spectacle dans le cadre de ma compagnie La Traversée remonte à 2009, avec Striptease. C’est la découverte d’un fait divers qui m’a donné envie de revenir à ce type d’écriture : l’histoire d’un jeune homme qui a décidé de disparaître sans laisser de traces. Sa famille a fini par faire son deuil, à l’exception de sa mère qui 40 ans plus tard espérait encore le retour de son fils.
Pourquoi avoir choisi d’aborder le sujet du point de vue de la mère ?
C.O. : Abordés du point de vue des disparus, les récits consacrés au sujet ont souvent des allures de roman policier. Leur choix inexpliqué questionne, il fascine mais il donne lieu à des écritures assez classiques. J’ai voulu explorer une parole à laquelle nous n’avons jamais accès : celle de ceux qui restent. Et surtout, ce sont leurs silences qui m’ont intéressé. Et les mécanismes qui leur permettent de sublimer l’absence.
Dans vos pièces précédentes, la parole tenait une place centrale. Vous pencher sur le silence transforme-t-il beaucoup votre processus de création ?
C.O. : Même lorsque les textes que j’adapte sont très denses, très écrits, ce sont les endroits de mise en crise du langage qui m’intéressent. Ils sont nombreux chez Novarina par exemple, qui par la profusion des mots, par l’excès, cherche sans cesse à atteindre les limites de son outil. La mère du Disparu est sans cesse confrontée à ces limites. C’est pourquoi, d’abord très naturaliste, son rapport au mot évolue au fil de la pièce, pour aboutir à une parole beaucoup plus onirique.
Comment, en termes de jeu et de scénographie, envisagez-vous de donner forme à ce silence ?
C.O. : Laure Wolf, la comédienne qui interprète le rôle de la mère, a un jeu d’une intensité et un rapport au texte hors normes. Un geste, un détail lui suffisent à suggérer un sentiment, une émotion. Je ne voulais surtout pas souligner l’aspect oppressant du sujet, mais insister au contraire sur la lumière que suscite le drame. Quant à l’espace, je l’imagine un peu comme un tableau de Hopper. Minimaliste, désertique mais habité par un dernier espoir.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
à 13h45, relâche les 11 et 18. Tel : 04 90 82 39 06. www.theatredutrainbleu.fr
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