Qu’est-il arrivé à Bette Davies et Joan Crawford ? de Jean Marboeuf, mise en scène de Michel Fau
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A travers l’histoire d’une quadragénaire au bord de l’épuisement, Pierre-Yves Chapalain questionne le langage et les nouvelles technologies dans un spectacle poétique mais inégal.
Qui n’a jamais rêvé d’isoler de l’essaim de ses pensées celle qui permettrait de nous exprimer au plus juste ? Pour Eléonore, le personnage principal du texte écrit par Pierre-Yves Chapalain, Derrière tes paupières, c’est au moment où sa sœur lui demande de faire un discours pour son mariage qu’elle perd l’usage de la parole, déjà affaiblie par des troubles de mémoire. Afin de soigner la quadragénaire au bord de l’épuisement – ses recherches pour mettre au point une crème de soin révolutionnaire la stressent terriblement –, un neurologue lui propose une « aide à domicile nouvelle génération » : une sorte d’humanoïde, mi-homme, mi-végétal, qui en plus de veiller sur sa santé, serait capable de traduire et de formuler ses pensées. Avec cette histoire originale, Pierre-Yves Chapalain pose des questions intéressantes sur le langage et les nouvelles technologies : peuvent-elles améliorer notre communication ou constituent-elles au contraire une entrave voire une atteinte à notre humanité ?
Une approche onirique ancrée dans la nature
Loin d’installer un univers froid et clinique pour évoquer le burn-out, les protocoles expérimentaux ou l’intelligence artificielle, le metteur en scène privilégie une approche onirique, fortement ancrée dans la nature. La scénographie très soignée d’Adeline Caron reconstruit une forêt tandis que les sons et les lumières chaudes restituent une ambiance poétique, qui n’exclut pas la tension, notamment avec la proximité d’un volcan au calme trompeur. Mais si le début de la pièce – le dialogue entre Eléonore et son neurologue, l’arrivée de la sœur – témoigne d’un sens du rythme certain, la suite s’émousse malgré des acteurs très investis. La faute sans doute à un trop plein de lignes de fuites. A force de se multiplier dans un spectacle qui ne dure même pas une heure, les histoires parallèles (une lettre mystérieuse en persan, la rivalité entre les deux sœurs, l’ami d’enfance ancien taulard) font perdre de vue la question principale. Au point de laisser penser que l’auteur ne sait plus comment terminer sa pièce. Dommage !
Isabelle Stibbe
Le mardi à 19h, du mercredi au samedi à 20h et le dimanche à 16h. Tél. : 01 44 62 52 52. Durée : 45 minutes.
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