La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Départ volontaire de Rémi De Vos, mis en scène par Christophe Rauck

Départ volontaire de Rémi De Vos, mis en scène par Christophe Rauck - Critique sortie Théâtre Lille Théâtre du Nord
© Jean-Louis Fernandez

De Rémi De Vos / Mes Christophe Rauck

Publié le 15 mai 2019 - N° 276

Après plusieurs classiques, Christophe Rauck revient à l’écriture contemporaine avec Départ volontaire de Rémi De Vos. Une comédie dramatique située dans le milieu de la banque, portée par une distribution dont la qualité ne suffit pas à compenser la fadeur de l’écriture.

Depuis sa première pièce, Débrayage (1996), l’univers de Rémi De Vos est plein d’individus écrasés par le monde du travail. Plein d’hommes et de femmes attirés par l’argent, obnubilés par la réussite sociale au point d’y consacrer chaque instant de leur vie. Xavier, le personnage central de Départ volontaire, ne fait pas exception à cette humanité broyée sous le poids du capitalisme. Fruit de la sixième commande passée à l’auteur par Christophe Rauck, directeur du Théâtre du Nord, cette pièce débute une fois que cet homme, un technicien back office dans une banque, est déjà à terre. Candidat au plan de départs volontaires annoncé par la structure qui l’emploie, nous apprend d’emblée une voix off, le anti-héros de ce nouveau texte de Rémi De Vos espérait pourtant profiter des indemnités offertes pour monter sa propre boîte. Il rêvait de conquérir une place de choix dans le système qui l’opprime, jusqu’à ce qu’il apprenne que, après validation, sa candidature a été bloquée. Et qu’il lui faudra donc rester au poste qu’il avait déjà mentalement quitté. S’ensuit une descente aux enfers dont les différentes étapes sont données à voir à travers de courtes scènes séparées les unes des autres par des épisodes du procès intenté par Xavier à sa banque. Ce sont donc deux temporalités qui se côtoient dans Départ volontaire, de manière hélas trop systématique. Trop attendue.

La banque en procès

Avec Micha Lescot, le seul à n’incarner qu’un seul protagoniste, Annie Mercier, Virginie Colemyn, David Houri et Stanislas Stanic font leur possible pour donner de l’épaisseur à l’histoire de ce banquier sans qualités. Changeant souvent de rôle, ils campent tantôt l’entourage intime de Xavier, tantôt ses collègues. Lorsque s’allument en fond de scène les néons rouges indiquant « Départ volontaire », ils sont aussi des juges et des avocats un peu fantomatiques. Dignes du Procès de Kafka, que l’auteur cite parmi ses sources d’inspiration. Soumis aux contraintes d’une tournette sensée accentuer la dimension cinématographique de l’écriture de Rémi de Vos, les comédiens ont chacun leur manière de négocier avec elle. Plus ou moins convaincante selon les cas, mais globalement hésitante dans l’équilibre entre drame et comique, qui est l’une des principales faiblesses du texte de Rémi de Vos. Avec la partie qui concerne l’histoire familiale de Xavier : son sentiment de trahison envers son père ouvrier, évoqués à travers une succession de poncifs sur le transfuge de classe. Sans grande profondeur psychologique, mais tout de même trop étoffés pour n’être que des types, les protagonistes de Départ volontaire ne disent rien du milieu bancaire que l’on ne sache déjà depuis longtemps. La pièce ne fait qu’effleurer les effets du capitalisme sur les consciences, tout en affirmant une ambition éducative démesurée.

Anaïs Heluin

A propos de l'événement

Départ volontaire
du mardi 14 mai 2019 au dimanche 26 mai 2019
Théâtre du Nord
4 place du Général de Gaulle, 59000 Lille.

du mardi au vendredi à 20h30, le samedi à 19h, le dimanche à 16h. Tel : 03 20 14 24 24. www.theatredunord.fr

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