La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2010 Entretien / Philippe Ogouz

Contre une vision comptable de la culture

Contre une vision comptable de la culture - Critique sortie Avignon / 2010
Crédit photo : Philippe Biancotto

Publié le 10 juillet 2008

Elu en 2005 à la présidence de l’Adami, société de gestion collective des droits de propriété intellectuelle des artistes-interprètes, le comédien et metteur en scène Philippe Ogouz a pris la succession de Pierre Santini. Il revient sur le rôle que joue cette société au sein d’un paysage artistique tendu.

L’Adami a été créée, en 1955, par et pour les artistes. Pourriez-vous revenir sur la vocation de cette société ?
Philippe Ogouz : L’Adami est en charge de percevoir et de répartir les droits d’environ 100 000 artistes-interprètes (ndlr, comédiens, danseurs, chanteurs, musiciens, chefs d’orchestre) pour l’exploitation de leur travail enregistré. Voilà pour sa mission principale. Mais en plus de cela, notre société s’attache à défendre et promouvoir les droits des artistes, ainsi qu’à soutenir la création et favoriser l’emploi des interprètes.

 

Car la loi vous permet de reverser 25 % des montants que vous percevez à des actions d’aide à la création artistique…
P. O. : C’est cela. En 2007, nous avons ainsi alloué plus de 13 millions d’euros à des artistes, mais aussi à des festivals. Par exemple, nous aidons le Festival d’Avignon. Notre action se situe à deux niveaux : le In, que nous soutenons par le biais d’une subvention que le direction du festival utilise comme bon lui semble ; le Off, à travers des aides financières versées directement aux compagnies. Et puis, nous avons créé diverses manifestations organisées par l’Association artistique de l’Adami : les Révélations Classiques, les Talents Danses, Paroles d’Acteurs…

« Les aides de l’Adami ne sont pas octroyées pour rapporter. »

Quel est le cadre d’attribution des aides aux compagnies ?
P. O. : Nous soutenons des projets qui comprennent au moins trois artistes professionnels, lesquels doivent être payés au moins au minimum syndical. L’un de nos objectifs est vraiment de faire en sorte que les artistes soient rémunérés, qu’ils cessent de se lancer dans l’aventure avignonnaise avec leurs économies ou l’argent de la famille.

Selon vous, quel rôle les aides de l’Adami jouent-elles aujourd’hui dans l’organisation du spectacle vivant ?
Ph. O. : Un rôle moteur, j’aurais même envie de dire un rôle essentiel. Si nos aides disparaissaient, je crois que ce serait une perte importante pour le secteur du spectacle vivant. Le paysage artistique français étant à l’image de la crise, nous avons parfois l’impression de gérer la misère. Je ne souhaite pas me positionner politiquement, mais depuis quelques années on entend des discours qui semblent vouloir lier les subventions publiques à une rationalité économique. D’une certaine façon, on voudrait que la culture rapporte. Or, les aides de l’Adami, qui correspondent à des fonds privés, puisque c’est l’argent des artistes que notre société redistribue, ne sont pas octroyées pour rapporter, mais pour assurer aux artistes un cadre légal de rémunération, pour permettre à des projets théâtraux, musicaux et chorégraphiques… de voir le jour.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

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