La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Classique / Opéra - Critique

CONCOURS INTERNATIONAL DE PIANO D’ORLEANS

CONCOURS INTERNATIONAL DE PIANO D’ORLEANS - Critique sortie Classique / Opéra Paris Conservatoire régional de Paris
Le pianiste et compositeur Philippe Hattat © Etienne Gaume

CRR DE PARIS
PIANO

Publié le 22 mars 2017 - N° 252

Où en est la création contemporaine en piano ? Eléments de réponse par les lauréats du concours 2016 dans un concert hors des sentiers battus donné au Conservatoire à rayonnement régional de Paris le 21 mars 2017.

En attendant la 13e édition du concours international d’Orléans qui révélera de jeunes pianistes dans le répertoire contemporain, les lauréats 2016  du Prix de composition et d’interprétation André Chevillion-Yvonne Bonnaud se sont retrouvés le 21 mars au Conservatoire de la rue de Madrid pour un concert dédié à la musique des XXe et XXIe siècles. Albert Roussel, André Jolivet, Olivier Greif ou Edison Denisov faisaient ainsi partie du programme aux côtés des quarantenaires Jacques Lenot, Francesco FIlidei ou des très jeunes Matthias Krüger et Philippe Hattat, ces derniers jouant leurs propres compositions.Au-delà du talent des six interprètes, la soirée a été marquée par une certaine vision du piano. Le récital s’est ainsi ouvert sur Renk de Matthias Krüger, une œuvre qui tient presque plus de la performance visuelle que sonore tant le corps de la pianiste – en l’occurrence Claudia Chen – est sollicitée de façon inhabituelle : bombé des ongles, plat de la main, poignet, avant-bras sont déployés sur voire sous le clavier et même sur le meuble de l’instrument, sans que les touches ne soient toujours enfoncées.

Des pièces virtuoses

L’effet est spectaculaire et invite à considérer le piano comme un instrument dans toutes ses composantes, au-delà du traditionnel clavier. Il en va de même pour la pièce intitulée Toccata de Francesco Filidei qui « joue sur l’ambiguïté du titre. Le pianiste, en effet, se limite à ‘toucher’ (toccare en italien) l’instrument sans en abaisser les touches ». Philippe Hattat, élève de Jean-François Heisser, va encore plus loin : dans Causa Pulchritudinis, la main gauche vient chercher les cordes du piano dont il fait sonner les harmoniques pour les confronter aux notes du clavier jouées par la main droite. Micro-intervalles, harmonies détempérées : on décèle l’influence de l’Américain George Crumb chez ce compositeur/pianiste de seulement 24 ans.Des pièces virtuoses, qui utilisent des parties du piano généralement inemployées pour en explorer toutes les possibilités harmoniques et acoustiques. Le résultat peut surprendre mais elle témoigne que la jeune génération ne compte pas se laisser brider par les contraintes physiques et sonores de son instrument. Tout fait son, tout fait sens.

 

Isabelle Stibbe

A propos de l'événement

CONCOURS INTERNATIONAL DE PIANO D’ORLEANS
du mardi 21 mars 2017 au mardi 21 mars 2017
Conservatoire régional de Paris
14 Rue de Madrid, 75008 Paris, France

Le 13e Concours international de piano d’Orléans aura lieu en mars 2018. Renseignements : 02 38 62 89 22.

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