La compagnie pluridisciplinaire Circus I Love You revient sur scène avec le joyeux « I love you two »
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Pour sa première mise en scène Salle Richelieu en tant qu’administrateur général de la Comédie-Française, Clément Hervieu-Léger signe l’entrée au répertoire de L’École de danse, une pièce méconnue de Carlo Goldoni. Ce spectacle de troupe offre l’attrait de la découverte, sans trouver la profondeur de ses accents mélancoliques.
On se souvient de la version marquante du Misanthrope* créée Salle Richelieu, en avril 2014, par Clément Hervieu-Léger. Aujourd’hui, sur le même plateau et dans le même décor monumental signé Éric Ruf, le metteur en scène — devenu administrateur général de la Comédie-Française en août dernier — se plonge dans le théâtre de Goldoni qu’il a une première fois abordé, en 2019, en s’emparant d’Une des dernières soirées de Carnaval. On entre dans L’École de danse avec curiosité, comme on passerait le seuil d’un espace d’exposition au sein duquel serait révélée une toile oubliée de Degas ou de Caillebotte (peintres dont les représentations de leçons de danse ou de parquet en train d’être raboté hantent l’esthétique à mi-chemin entre réalisme et impressionnisme du spectacle). Ce n’est pas rien de découvrir, plus de trois siècles après sa création, en 1759, une pièce d’un grand auteur classique. Ici, le maître vénitien nous ouvre les portes d’une école de danse, à Florence, dirigée par un professeur vénal et autoritaire. C’est dans ce cours, où des filles et des garçons de basse extraction tentent d’échapper à la dureté de leur condition, que se nouent et se dénouent faux-semblants, manigances, petites intrigues pécuniaires et matrimoniales.
L’art comme moyen de survie
Rien de considérable, somme toute, mais un croquis précis, clairvoyant, d’une société de classe qui laisse au plus grand nombre peu de marge pour accéder au bonheur. Une coquette prend un comte dans ses filets en faisant mine d’être désintéressée. Une mère monnaie les charmes de sa fille pour s’assurer couvert et logis. Un courtier véreux, acoquiné au professeur sans principe, escroque un impresario en lui assurant le talent d’une danseuse de second plan. On pourrait s’amuser de ces jeux de dupes qui tirent leur source des injonctions de la nécessité. On pourrait s’émouvoir, aussi, des failles intimes, existentielles, qui poussent les unes et les autres à renier leurs rêves pour s’accommoder de pis-aller. Pourtant, on reste indifférent à ces destinées parfois grotesques, souvent cruelles. La comédie humaine qui prend corps sous nos yeux se nourrit d’effets de comédie manquant de vérité. On le sent, la mise en scène de Clément Hervieu-Léger voudrait faire surgir de ses beaux tableaux picturaux d’autres tonalités : plus introspectives, plus mélancoliques. Mais la troupe de la Comédie-Française est ici à la peine. Elle ne trouve pas la profondeur en demi-teinte qui pourrait révéler le charme virevoltant de L’École de danse.
Manuel Piolat Soleymat
* Critique dans La Terrasse n°220, mai 2014.
En alternance. Matinées à 14h, soirées à 20h30.
Durée : 2h.
Tél. : 01 44 58 15 15.
www.comedie-francaise.fr
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