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Jazz / Musiques - Entretien

Charles Tolliver, Trompette de la renommée

Charles Tolliver, Trompette de la renommée - Critique sortie Jazz / Musiques Bobigny Salle Pablo Neruda
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Charles Tolliver © JimmyKatz

JAZZ / BANLIEUES BLEUES / BOBIGNY

Publié le 21 février 2014 - N° 218

Grand témoin et acteur du jazz américain de ces 50 dernières années, le trompettiste Charles Tolliver a fait son entrée sur scène en 1964 auprès de Jackie McLean (l’album « It’s Time » paru chez Blue Note) avant d’intégrer peu après le quartette de Max Roach… Très discret sur la scène européenne, il signe, à l’initiative de Banlieues Bleues, un retour comme le jazz en raffole. Découverte et retrouvailles avec un fringant vétéran de 72 ans qui n’a jamais rendu les armes.

Vous êtes à la fois un héros de l’Histoire du Jazz, et un musicien que l’on a rarement vu et entendu sur scène, notamment en Europe… Quel est votre état d’esprit aujourd’hui ?

Charles Tolliver : En gros, je suis plus ou moins dans le même cadre d’esprit que lors de ma première performance à Paris en 1968. Pour information au passage, c’était Simone Ginibre qui m’avait programmé à l’époque, pour jouer au Chat qui Pèche et pour une télé avec Francis Lai…  J’ai toujours eu les oreilles ouvertes sur de nouvelles idées, sans jamais renoncer aux bases sur lesquelles cet art qu’est le jazz a été créé, nourri et s’est développé. Comme je le fais depuis mes débuts, je mettrai probablement toujours le rythme au centre de ma création.

« J’ai toujours eu les oreilles ouvertes sur de nouvelles idées. »

Vu d’ici, on a pu avoir l’impression que vous aviez fortement ralenti voire arrêté votre activité scénique…

Charles Tolliver : Je n’ai jamais arrêté de faire de la musique. Comme dans tous les secteurs du spectacle, si vous n’êtes pas exactement au centre de l’attention médiatique qui couvre votre domaine, il est probable que l’on pense que vous n’êtes plus actif. On peut dire que durant ces années, la plupart de ceux qui écrivent sur le jazz ne se sont pas attardés sur mon cas.  On a une expression new-yorkaise qui décrit bien ce qui s’est passé : « They slept me ».  Ce n’est donc absolument pas vrai que j’ai arrêté de jouer. Ce qui veut dire que je n’ai pas besoin de décider de revenir ! J’ai toujours été là, mais pas dans les radars du monde du Jazz. Puis finalement, on a réalisé qu’effectivement je n’étais jamais parti, plus spécialement après ma collaboration avec Andrew Hill, dans sa dernière période d’activité, puis avec la sortie de mon album en big band  « With Love » en 2007 sur le label Blue Note.

Vous avez créé en 1971 le label Strata East.  Pour promouvoir quel type d’artistes et quel type de musique ?

Charles Tolliver : Nous avons créé le label avec Stanley Cowell car nous étions fatigués de faire la queue devant la porte des labels installés qui ignoraient notre musique comme celle de « Music Inc & big band », notre première sortie, qui avait été refusée partout. Nous savions que la musique que nous étions en train de créer était branchée et quand les musiciens de jazz ont commencé à entendre qu’il se passait quelque chose avec deux jazzmen qui se produisaient avec succès par leurs propres moyens, on a reçu des demandes et on a aidé de nombreux musiciens à sortir leurs propres projets. Le label s’est développé à partir de là. Ces musiciens étaient leurs propres producteurs et par conséquent détenaient leur propre enregistrement que nous introduisions dans notre système. Nous n’étions ni des producteurs d’artistes, ni des businessmen. Mais on a appris et compris le business de la musique.

En tant que producteur, qu’avez-vous appris  sur votre façon de faire de la musique aujourd’hui ?

Charles Tolliver : La façon dont je crée ma musique s’est formée, à l’âge de 5 ans, lorsque j’ai entendu pour la première fois,  dans la série « Jazz at the Philharmonic », Charlie Parker, Charlie Shavers et Don Byas jouer en direct… Depuis, cette première impression n’a cessé d’être nourrie, lors de mes débuts professionnels avec Jackie McLean (également en regardant travailler en studio Alfred Lions et Rudy Van Gelder…), puis avec Gerald Wilson, et  finalement Max Roach. Grace à eux, j’ai trouvé ma voie en tant que trompettiste, compositeur et arrangeur.

Quel est le projet de ce nouveau quintet que le public français va découvrir à Banlieues Bleues?

Charles Tolliver : Durant toute ma carrière j’ai presque exclusivement joué avec des quartettes « piano-basse-batterie » ou occasionnellement avec la guitare remplaçant le piano. J’aime de plus en plus la sonorité des lignes de trompette/guitare.  Ma philosophie est simple : nourrir et développer la véritable essence de cette forme artistique qu’est le jazz, sans artifices ni contraintes…

Propos recueillis par Jean-Luc Caradec.

Remerciements à Léa Poiré pour la traduction.

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A propos de l'événement

NICOLE MITCHELL’S ICE CRYSTAL + CHARLES TOLLIVER MUSIC INC.
du vendredi 4 avril 2014 au vendredi 4 avril 2014
Salle Pablo Neruda
31 Avenue du Président Salvador Allende, 93009 Bobigny, France

Vendredi 4 avril à 20h30. Tél.  01 49 22 10 10.

Avec Theo Hill (piano), Devin Starks (basse), Bruce Edwards (guitare) et Gene Jackson (batterie).

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