« Déraisonnable » une création bouleversante de la metteure en scène Catherine Schaub
Impressionnante, Florence Cabaret porte et [...]
Les 26000 couverts créent un opéra rock délirant, déjanté et tordant, en forme de récit de science-fiction loufoque qui interroge la nécessité d’éradiquer l’humanité et glorifie la fondue. Énorme !
À l’instar de ce que racontent les légendes urbaines sur les Apéricubes, fabriqués avec des rebus de fromages fondus et emballés dans de chouettes supports à blagues aux couleurs étincelantes, les 26000 couverts déversent dans le creuset de la scène le pire du pire de ce dont l’espèce humaine est capable. Ils le mélangent allègrement, l’habillent de costumes et de décors chatoyants et on se régale ! On peut même jouer les bêta-testeurs d’un nouvel Apéricube bi-goût à l’entracte : trop bien ! Hors l’éloge des fromages et de la fondue, qui font la joie des Intras (ces vers super dégoûtants dont le chef fait passer Jabba le Hutt pour Rudolf Valentino), Philippe Nicolle et sa troupe de joyeux drilles font feu de tout bois. Iconoclastes et irrévérencieux, ils tirent sur tout ce qui bouge, de la religion, capable de prendre un prospectus pour un livre saint, aux passions consuméristes de notre époque, en passant par l’indigence sémantique et la débilité morale du triste aujourd’hui. Les textes sont bidonnants, les musiques d’Aymeric Descharrières, Erwan Laurent, Christophe Arnulf et Anthony Dascola, guillerettes et entraînantes, la mise en scène au cordeau, les interprètes épatants.
Autant danser sur le volcan
L’intrigue est celle d’une aventure interstellaire qui commence en 6302, alors qu’un vaisseau spatial peuplé des survivants de l’humanité atterrit, après une avarie technique, sur la Terre, enfin débarrassée de ses prédateurs. Les Intras ont réussi à pousser les hommes au suicide collectif plusieurs millénaires auparavant. Et Chamonix dans tout ça ? Il en est question, aussi improbable que cela paraisse ! On apprend, en plus de la beauté de son golf dix-huit trous et de la succulence de ses spécialités fromagères, comment il faut prononcer son nom. On découvre aussi un buffet qui s’appelle Bernard, un ascenseur libidineux, des armes létales en plastique, des peluches qui tombent des cintres, des techniciens qui viennent faire coucou sur scène et une myriade de gags désopilants. Le tout sur fond de collapsologie foutraque et d’hilarants voyages dans le temps ! Les 26000 couverts sont constamment au deuxième, voire au troisième, voire au millième degré, mais leur interrogation foncière sur le bien-fondé de la préservation de l’espèce humaine a tout d’une très sérieuse mise en garde. Cette espèce, qui a créé Auschwitz et les pantacourts, mérite-t-elle vraiment qu’on la sauve ? Kamel Abdessadok, Christophe Arnulf, Aymeric Descharrières, Olivier Dureuil, Patrick Girot, Erwan Laurent, Clara Marchina, Florence Nicolle, Philippe Nicolle ou Gabor Rassov et Ingrid Strelkoff font merveille dans cette extravagante opérette, à chaudement recommander pour passer de joyeuses fêtes de fin d’année, même si la catastrophe est en marche…
Catherine Robert
du mardi au vendredi à 20h30, samedi à 19h30, dimanche 10 et 17 décembre à 15h, dimanche 31 décembre à 18h30, relâche le lundi et les 24 et 26 décembre. Tél. : 01 44 95 98 21. Durée : 2h. Les 12 et 13 janvier à Points Communs, scène nationale de Cergy-Pontoise. Les 19 et 20 janvier au TAM, à Rueil-Malmaison. Les 1er et 2 février à Mars-Mons arts de la scène (Belgique).
Impressionnante, Florence Cabaret porte et [...]
Spectacle tous publics à partir de dix ans, [...]