La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Ceux qui errent ne se trompent pas

Ceux qui errent ne se trompent pas - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de la Cité Internationale
Ceux qui errent ne se trompent pas au Théâtre de la Cité internationale. CR : Jean-Louis Fernandez

Théâtre de la Cité internationale / de Kevin Keiss et Maëlle Poésy / mes Maëlle Poésy

Publié le 25 octobre 2016 - N° 248

C’est Nuit Debout version vote blanc. Ceux qui errent ne se trompent pas, écrit avant le mouvement né Place de la République, montre l’enfermement ridicule de politiques confrontés à un mouvement spontané.

Si Ceux qui errent ne se trompent pas est déjà passé par le Festival Théâtre en Mai à Dijon, où nous l’avons découvert, puis au Festival d’Avignon cet été, il revient là dans le théâtre qui a le plus tôt fait confiance à la metteure en scène Maëlle Poésy, puisqu’elle y avait montré sa version de Candide la saison passée. Par ailleurs, si ce spectacle fait preuve d’une certaine prescience en évoquant un mouvement populaire pacifique, politique et spontané qui fait irrésistiblement penser à Nuit Debout, il la doit surtout à l’auteur portugais José Saramago, dont le roman La Lucidité a inspiré cette histoire coécrite par Kevin Keiss et Maëlle Poésy. Et pour être juste jusqu’au bout, notons également que le comportement d’une grande partie de notre classe politique, qui se coupe sans cesse un peu plus de la réalité, s’enferme dans des techniques de communication qui confinent souvent au ridicule, et ne semble plus miser que sur l’inertie de la population pour rester au pouvoir, a certainement inspiré les faits et gestes des “héros” de cette histoire. Pour ainsi dire, de leurs modèles, ces derniers ne grossissent qu’à peine les traits.

 

Comique et politique à la fois

 

Dans cette histoire, l’événement initial est simple : les électeurs refusent en bloc de se rendre aux urnes. Tout commence donc dans un bureau de vote qui attend en vain qu’un électeur se présente. Petit à petit, la situation se précise, le mouvement se confirme, s’amplifie, et les politiques au pouvoir ne parviennent pas à l’accepter. Ils cherchent à inventer des stratégies qui n’en finissent pas de les couper davantage de la population, et même, plus largement, de la réalité. Le tout étant symbolisé par l’inondation progressive du plateau qui, issue des pluies diluviennes du dehors, les font de plus en plus patauger. Si la note est comique et politique à la fois, le spectacle souffre certainement d’une dramaturgie un peu linéaire, si l’on peut signifier par ce terme que l’histoire a tendance à tourner en rond. Quelques scènes chorégraphiées font également un flop. Mais la bonne qualité d’ensemble de l’interprétation, l’écho permanent à la situation contemporaine, et cet espoir d’un pouvoir collectif suffisent à faire de ce spectacle une très bonne matière à rire et à réfléchir.

 

 

Eric Demey

A propos de l'événement

Ceux qui errent ne se trompent pas
du lundi 5 décembre 2016 au vendredi 16 décembre 2016
Théâtre de la Cité Internationale
17 Boulevard Jourdan, 75014 Paris, France

le lundi, mardi et vendredi à 20h, le jeudi et samedi à 19h, le dimanche à 16h, relâche le mercredi. Tel. : 01 41 86 56 70 61. Durée : 1h50. Spectacle vu au festival Théâtre en Mai à Dijon.

5 novembre : La Piscine, Théâtre Firmin-Gémier. Du 17 au 19 novembre 2016 : Théâtre du Gymnase, Marseille / Aix-en-Provence. Le 26 novembre à la Ferme du Buisson. 1er et 2 décembre 2016 : Le Granit, Scène nationale-Belfort. Les 10 et 11 janvier 2017 : Théâtre-Sénart, Scène nationale de Sénart Les 18 et 19 janvier : Théâtre de Sartrouville et des Yvelines, CDN. Le 26 janvier 2017 : Le Phénix, Scène nationale Valenciennes. Le 31 janvier : Le Rive Gauche, Saint-Étienne-du-Rouvray.

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