« Les Caprices de Marianne » d’après Alfred de Musset par Philippe Calvario , une cruelle et touchante ronde du désir
Le comédien et metteur en scène Philippe [...]
La nouvelle création de la metteuse en scène Carole Giacobbi, co-écrite avec Stéphane Vauthier est une pièce intelligemment menée. L’interprétation subtile, au service d’un texte qui entrelace finement l’intime et le politique, explore la romance houleuse, plutôt méconnue, des amants Cocteau et Marais.
Jean Cocteau, poète, dramaturge, cinéaste et Jean Marais acteur de théâtre et de cinéma sont aujourd’hui des références culturelles qui ont inspirées un grand nombre de livres, films et pièces de théâtre. Dans cette mise en scène, Carole Giacobbi délaisse leur statut de stars françaises pour mettre l’accent sur leur amour, leur couple mythique, précurseur de la culture gay et de l’avancée des libertés. Évoluant pendant la Seconde Guerre mondiale sous l’occupation allemande, leur romance fut interdite. Un tel contexte a exacerbé les tensions entre les deux hommes. Le texte de Carole Giacobbi, coécrit avec Stéphane Vauthier, oscille habilement entre les échanges passionnés des amoureux et la violente réalité de leur quotidien confronté à la guerre, l’homophobie, le fascisme et l’antisémitisme.
Les amants terribles : une confrontation tumultueuse
La pièce débute en 1939, au cœur d’un appartement parisien, où leur histoire d’amour est née. Jean, dandy de 50 ans, tourmenté par l’opium, fuit la politique allant même jusqu’à flirter avec la collaboration. Jeannot, jeune de 26 ans, volage et patriote, est engagé dans la résistance. Outre leur amour de l’écriture et de la scène, tout semble les opposer. Les deux interprètes Boris Terral (Jean Cocteau) et Louka Meliava (Jean Marais) incarnent avec justesse et émotion, cette passion aux échanges bruts, aux répliques acérées ou empreintes de tendresse et d’humour. La mise en scène est principalement axée sur la fracture de leurs divergences d’opinions, qui vont se confronter puis se réconcilier. Une radio diffuse les informations sur le combat qui fait rage, nous rappelant la chronologie de l’histoire mais l’ambiance sonore conserve un brin de modernité, un vent de liberté avec en fond, les titres de Cher, Mylène Farmer ou Soft Cell, classiques de la musique gay des années 80. Au fil des événements, le couple se déchire, s’aime mais trouve un soutien chez trois femmes touchantes et drôles. Coco Chanel (Emmanuelle Galabru), Edith Piaf et Mila Parely (Valentine Kipp) viennent épauler les deux amants torturés, telle les marraines fées de la Belle au bois dormant. La pièce se termine par le lancement de leur projet cinématographique commun La Belle et la Bête (1946), comme un symbole de la lutte menée contre la censure artistique, pour la liberté et la tolérance. Une ode à l’art et l’amour.
Isaure Do Nascimento
Du jeudi au dimanche, horaires variables. Tel : 01 42 23 88 83. Durée : 1h15.
Le comédien et metteur en scène Philippe [...]
C’est une véritable découverte : La [...]