Alonzo King Lines Ballet
"Si quelque chose est intensément personnel, [...]
La belle andalouse est la nouvelle grande figure de la danse reprise par la sud-africaine Dada Masilo.
Après s’être plongée dans un monument classique à travers une version iconoclaste du Lac des Cygnes, Dada Masilo a choisi de s’attacher à Carmen. On pense bien sûr à l’Opéra, mais côté danse, ce sont aussi les ombres de Mats Ek et de Roland Petit qui planent… Là où elle s’attachait, dans le Lac, à faire bouger les lignes chorégraphiques entre danse classique et danse africaine, elle centre ici son propos sur le personnage, qui devient prétexte à remanier le livret. Elle lui donne une consistance toute différente, qui guide le spectacle vers une autre matière que la seule confrontation avec une culture ou une danse espagnole.
Cigarillière d’hier, violences d’aujourd’hui
Ainsi, sa Carmen est délibérément électrique et l’environnement dans lequel elle évolue tout aussi volontairement violent. La chorégraphe qualifie son héroïne de « méchante ». Ce n’est pas par la mort qu’elle sera punie, mais bel et bien par le viol qui constitue l’ultime épisode de la pièce, où l’honneur est plus important que la vie. Si elle ne peut s’empêcher de faire tourner la danse africaine à l’espagnolade, elle donne avec ce parti-pris de la violence – et de la violence faite aux femmes – une échappée plus trouble vers une réflexion personnelle. Les réalités de son pays, l’Afrique du Sud, ne sont pas loin, et nourrissent Dada Masilo sous les images et les musiques venues d’ailleurs.
Nathalie Yokel
Du 10 décembre 2014 au 10 janvier 2015 à 18h30, le dimanche et le 31 décembre à 15h. Relâche les lundis, et les 14, 25 décembre et 1er janvier. Tél. : 01 44 95 98 21.
"Si quelque chose est intensément personnel, [...]