La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Candide

Candide - Critique sortie Théâtre Paris Studio-Théâtre de la Comédie-Française
Où Candide est affranchi par la gourgandine Cunégonde. Crédit : Casimo Mirco Magliocca

Studio-Théâtre de La Comédie-Française/ de Voltaire/ adaptation et mes Emmanuel Daumas

Publié le 23 janvier 2014 - N° 217

La Comédie-Française remet à l’affiche du Studio-Théâtre le jubilatoire et truculent Candide adapté et mis en scène par Emmanuel Daumas. 

Comment en une heure quinze, peut-on, sans en trahir l’esprit et la lettre, transposer pour le théâtre ce conte philosophique aux dimensions épiques ? Cette prouesse tient d’abord à la grande habileté d’une adaptation portée par une intention de mise en scène. « Ce Candide, explique Emmanuel Daumas, a été pensé pour un spectacle d’une heure environ, dans une petite salle, celle du Studio-Théâtre. L’enjeu, ici, est de détourner l’idée de l’épopée, du grand voyage initiatique, pour rendre compte de quelque chose qui ne soit pas spectaculaire ». Fort intelligemment émancipée de la volonté d’illustrer, la transposition scénique, aussi libre que le conte lui-même, renoue avec l’esprit débridé du XVIIIème siècle et la verve haute en couleur d’un Voltaire en révolte absolue contre le dogmatisme obscurantiste. La charge ironique, d’une acidité et d’une profondeur rarement égalées, portée par le récit des tribulations gargantuesques de cet innocent non privé de bon sens, en prise avec le « meilleur des mondes possibles », explose sur scène.

Des séquences d’anthologie

Eclairé par le sourire espiègle du conteur philosophe, malice qu’Emmanuel Daumas jardine et fait fleurir avec autant de soin que d’à propos, le choix sagace du basculement de l’action dans le champ d’un salon élégant produit le meilleur des effets. Guerres, tremblements de terre, autodafés, tempêtes, naufrages, rapines, galères, enlèvements, viols, émaillant le quotidien de Candide une fois chassé du paradis au motif d’avoir croqué dans la pomme de cette Eve très délurée qu’est Cunégonde, ont pour seul et unique cadre cet écrin domestique où l’aristocratie aimait à se retrouver en brillante société. Dans ce décor parsemé de petits poufs crème et agrémenté de dessertes aux douceurs étalées en vitrine, l’acharnement du malheur, tantôt mimé tantôt raconté, prend un tour d’un comique achevé. Une tournure relevée par le jeu pétillant de comédiens invités à investir leur rôle avec ce détachement raffiné et chic qui est l’apanage des « gens de la haute ». Eblouissants, en parfaits hypocrites, les acteurs jouent merveilleusement le jeu. Dans leurs multiples incarnations, Claude Mathieu, Julie Sicard, Serge Bagdassarian et Laurent Lafitte donnent à vivre de véritables séquences d’anthologie. Quant à Laurent Stocker, il fait un si parfait Candide qu’après l’avoir vu on ne saurait prêter d’autres traits au héros voltairien.

Marie-Emmanuelle Galfré  

A propos de l'événement

Candide
du jeudi 16 janvier 2014 au dimanche 16 février 2014
Studio-Théâtre de la Comédie-Française
Carrousel du Louvre, 99, rue de Rivoli, 75 001 Paris.

Du jeudi 16 janvier 2014 au dimanche 16 février 2014, les mercredis, jeudis, vendredis, samedis, dimanches  à 18h30. Tél : 01 44 58 98 58. www.comedie-francaise.fr
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