La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2019 - Entretien / Alexandra Badea

Burnout d’après Alexandra Badea, mis en scène par Marie Denys

Burnout d’après Alexandra Badea, mis en scène par Marie Denys - Critique sortie Avignon / 2019 Avignon Off. 11 Gilgamesh Belleville
Burnout, de l’auteure Alexandra Badea.

Entretien / Alexandra Badea
11 - Gilgamesh Belleville / d’après Alexandra Badea / mes Marie Denys

Publié le 23 juin 2019 - N° 278

Compagnie dont le projet s’articule autour des écritures contemporaines, Le Plateau Ivre s’empare de Burnout d’Alexandra Badea. Une pièce au sein de laquelle les artistes vosgiens insèrent un fragment d’Extrêmophile, autre œuvre de l’auteure d’origine roumaine.

Comment est née Burnout ?

Alexandra Badea : J’ai écrit Burnout au moment des vagues de suicide dans les entreprises françaises. On entendait à la fois un discours politique qui nous incitait à travailler plus pour gagner plus, et on apprenait, chaque jour, le suicide d’un salarié sur son lieu de travail. Je voulais comprendre d’où venait cette souffrance, comment les êtres se sentent écrasés par les injonctions qu’on leur délivre… Au départ, je prévoyais simplement de m’appuyer sur les phrases de ce discours politique. Puis, j’ai utilisé des concepts de management des ressources humaines. J’ai mis en scène ces deux aspects dans un moment crucial de la vie d’un salarié : l’évaluation annuelle. On suit ainsi une évaluée et un évaluateur avant, pendant et après leur entretien. Ils ne se parlent pratiquement que par des questionnaires formatés. Le spectateur se glisse dans leur tête. On est pris dans leur monologue intérieur.

La compagnie Le Plateau Ivre associe ce texte à une autre de vos pièces : Extrêmophile

A. B. : Extrêmophile parle de la crise existentielle, ce moment où on se demande si on a fait les bons choix, si on a la vie qu’on rêvait d’avoir. Les trois personnages – une chercheuse, un politique et un pilote de drone – ne se rencontrent jamais, mais sont liés par des mêmes questionnements qui les poussent à effectuer un virage, à sauver quelque chose qui était en train de se perdre. Burnout et Extrêmophile parlent de la relation de l’individu avec son travail, de la crise de conscience, de la perte de repères, du besoin de se reconnecter à un idéal perdu. Les formes sont assez différentes. Extrêmophile est peut-être plus poétique. Burnout s’approche davantage d’un manifeste générationnel.

« Burnout et Extrêmophile parlent de la relation de l’individu avec son travail, (…) du besoin de se reconnecter à un idéal perdu. »

Quelle impulsion sous-tend votre écriture ?

A. B. : Je ne cherche jamais des sujets. Je pars de quelque chose qui me fait violence. Un élément extérieur qui m’obsède, qui entre dans mon espace intérieur. J’ai d’abord besoin de comprendre. J’effectue un long travail de documentation lors duquel des personnages, des mouvements narratifs ou des situations s’articulent. Puis, je pars en écriture. Je travaille beaucoup sur la musicalité des mots, sur le rythme du langage.

 

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Burnout d’après Alexandra Badea, mis en scène par Marie Denys
du vendredi 5 juillet 2019 au vendredi 26 juillet 2019
Avignon Off. 11 Gilgamesh Belleville
11 Boulevard Raspail

à 16h55. Relâche les 10, 17 et 24 juillet. Tél. : 04 90 89 82 63.

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