Paul Lay Trio Vagabonds
Artiste invité à la Piccola Scala pour la [...]
Le guitariste a publié au printemps son premier recueil studio en solo. Un classique pour tout mélomane.
« Ça aurait pu être un truc où je cuisine chez moi, avec deux, trois potes, et je prends la guitare. » En toute humilité, Biréli Lagrène définit ainsi la matricielle esthétique de ce qui pourtant constitue une perle rare dans toute discographie. Malgré un demi-siècle de carrière, la sienne n’en comportait qu’un, et encore puisque le guitariste estime qu’il s’agissait d’un simple « assemblage de différents solos faits en tournée ». Il y fait sien une poignée de standards qu’il relit à sa main et une palanquée d’originaux qu’il improvise dans l’instant, privilégiant les tempos tranquilles à l’image de sa sublime version de Nature Boy, où perce une certaine idée de la folk chez celui qui encore adolescent s’adonnait à quelques embardées du côté du rock.
Cordes subtiles
« L’enjeu n’était pas de mettre ma virtuosité en avant. Le piège quand on est seul est de penser qu’il faut encore plus jouer. À quoi bon remplir. » C’est bel et bien là tout l’éclat de cette suite qui en une heure démontre à qui en doutait que la musique est tout autant affaire de quasi silences que de grandes envolées, que la brillance est aussi une histoire de sonorités mates. Celui qui fut consacré l’héritier de Django y déplie son carnet intime, comme un chapitre quintessentiel où chacune de ses improvisations a des faux airs d’infimes confessions. À la clef de cette succession de sentiments partagés, le natif du Bas-Rhin signe un succès d’esthète, conviant naturellement en conclusion sa fille Zoé au micro pour un duo à fleur de cordes subtiles.
Jacques Denis
Artiste invité à la Piccola Scala pour la [...]