Bibi
Mis en scène par Sylvain Maurice, six [...]
Qui sont ces bêtes de scène qui arpentent les hauts plateaux ? Mi-hommes, mi animaux, Emma Dante, dans Bestie di scena, met ses acteurs et danseurs à nu.
Voilà une forme qui tient autant du théâtre que de la danse, comme en est coutumière Emma Dante. Ils sont quatorze sur scène, danseurs et acteurs confondus, que l’artiste sicilienne considère comme des bêtes de scène. Non pas qu’ils seraient meilleurs que les autres, mais parce que pour construire ce spectacle, elle a soumis ces drôles d’animaux à l’étude afin de les mettre à nu. Leur dépouillement s’opère dans le sens littéral du terme – très vite, les quatorze bêtes de scène se dénudent – mais aussi de manière métaphorique, universelle, parce que Bestie di scena travaille sur la nature profonde – et donc bestiale – de tout homme.
Une histoire de notre humanité
« L’homme est un animal social » affirmait Aristote. La troupe d’Emma Dante se transforme ainsi en humain troupeau mais laisse aussi voir les singularités qui la composent. Les corps ressemblent aux nôtres, ils sont imparfaits et pluriels – gros, maigres, jeunes ou âgés – et les personnalités s’expriment en des réflexes conditionnés. L’une s’enfuit dès que ça pétarade, l’autre devient tout raide dès que se présente un balai. A travers une somme d’interactions avec des objets qui pénètrent soudain l’espace de la scène, ces bêtes deviennent vite très familières et fonctionnent en groupe – jeu, partage, entraide et création – y compris dans le conflit – rapports de pouvoir et violence pulsionnelle. Cette histoire de notre humanité prise en étau entre ses instincts et son désir de s’en libérer alterne images morbides, scènes drôles et tableaux de grande beauté, pour un spectacle délicat qui, sans un mot, ne cesse de nous parler.
Eric Demey
à 21h, le dimanche à 15h. Relâche les lundis et le 13 février. Durée : 1h. Spectacle vu au Festival d’Avignon 2017. Egalement en tournée les 18 et 19 janvier à la Minoterie à Marseille, les 30 et 31 mars à l’Anthéa à Antibes, le 3 avril à Montbéliard à Ma-Scène nationale.