Chanson douce de Leïla Slimani, mis en scène par Pauline Bayle
En adaptant ce conte moderne (prix Goncourt [...]
Victoria Thierrée-Chaplin guide Aurélia dans une nouvelle exploration des arcanes mystérieux du monde des objets.
Victoria Chaplin a participé, en compagnie de Jean-Baptiste Thierrée, au renouveau du cirque en inventant un théâtre d’objets poétique et ludique, dans lequel évoluent désormais ses deux enfants, James, qui présente Raoul à la Scala en mars, et Aurélia, qui s’empare des sortilèges tintinnabulants de Bells and spells. Elle y retrouve Jaime Martinez, le danseur qui s’éprenait follement des habits de la charmante arpenteuse de fantasmes dans leur premier opus. Comme les précédents, Bells and spells est un spectacle inattendu, déroutant, sensible et drôle, qui invite les spectateurs à pénétrer en douce au pays des rêves lumineux et des métamorphoses polychromes. Aurélia Thierrée s’y glisse dans la peau d’une kleptomane un peu particulière, que les objets vampirisent en voulant s’emparer d’elle davantage qu’elle ne cherche à les voler. Les bijoux lui sautent au cou ; elle domestique les porte-manteaux qui se transforment en une immense cavale pour emporter la belle ; les vêtements deviennent un oiseau, un taureau ou un gecko farceur.
Quand l’esprit vient à la matière…
Les tableaux qui naissent de l’imagination des créateurs réunis dans ce spectacle sont plaisamment poétiques et même si certains trucs et astuces se laissent facilement deviner, l’art des métamorphoses provoque d’amusantes surprises et des chimères astucieuses. Cependant, le fil narratif de l’histoire – celui d’Aurélia batifolant au milieu des objets animés – reste assez convenu. Les tableaux se succèdent sans la cohérence qui permettrait de dépasser l’admiration que provoquent la prestesse et l’agilité des manipulateurs et des interprètes. On est certes bluffé par la prouesse technique, mais on peine à comprendre immédiatement ce qui conduit les personnages d’une salle d’attente à un boudoir rococo et d’une cuisine aux meubles rétractables à un musée où les œuvres deviennent vivantes. Reste qu’on peut se laisser aller au plaisir du spectacle de la magie et saluer la maîtrise technique de ces artistes minutieux qui œuvrent ensemble à créer un univers enchanteur où les fauteuils dévorent ceux qui s’y assoient et où les portes tournantes déshabillent celles qui les empruntent…
Catherine Robert
Du mardi au samedi à 21h ; dimanche à 15h. Tél. : 01 46 06 49 24.
En adaptant ce conte moderne (prix Goncourt [...]