Belle d’hier
Théâtre de la Ville / dramaturgie et mes Phia Ménard
Publié le 28 août 2015 - N° 235Phia Ménard présente Belle d’hier au Théâtre de la Ville. Une nouvelle étape dans son projet ICE (Injonglabilité Complémentaire des Eléments) qui vise à étudier, à travers la confrontation aux éléments, des « imaginaires de la transformation et de l’érosion ».
« Après P.P.P. qui fut pour moi, en 2008, le spectacle du coming out, une sorte de carte d’identité réelle de ce que j’ai vécu, de ce que nous sommes dans l’état de la transformation (ndlr, Phia Ménard – anciennement Philippe – a changé de prénom et de genre), je reviens aujourd’hui, avec Belle d’hier, à la glace et à notre incapacité à accepter notre mort. Cette incapacité, finalement, nous pousse à vivre un maximum de choses, à frôler les limites, à affirmer notre envie d’être sauvés, notre envie de nous extraire de certains fatalismes – en ce qui me concernait, à l’époque, du fatalisme d’être dans le corps d’un garçon. Belle d’hier pose, par la présence de l’eau et de la vapeur, la métaphore de nos larmes, ainsi que de l’éphémère, c’est-à-dire du mythe. Ici, le mythe est très simple : il s’agit du “Un jour ton prince viendra” que l’on dit aux petites filles. Cette formule revient à leur inculquer qu’elles seront sauvées grâce à un homme et que, sans lui, elles ne le seront pas.
De la robe de princesse à la serpillère
Je souhaite bien sûr parler du mensonge. L’eau est là pour laver cette mystification, pour effacer ses traces. Je pars de vêtements congelés, de robes de princesse qui, en se décongelant, se changent en serpillères. A travers cette transformation, c’est le mensonge qui se révèle, le mythe qui disparaît. Et pourtant, il faut bien continuer à vivre. Il faut essayer de se reconstruire en cherchant, par exemple, ce que c’est que l’amour. Car l’amour est peut-être ce qui est capable de nous aider à supporter l’idée de la mort. C’est à cet endroit que j’ai envie de travailler, en montrant que tous ces mensonges sont là pour essayer de remettre en question une réalité : le fait que, quoi qu’il arrive, nous devrons affronter la mort seuls. Cette solitude est inéluctable. La seule chose que nous pouvons affronter et vivre collectivement, c’est la peur de la mort. »
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat
A propos de l'événement
Belle d’hierdu samedi 3 octobre 2015 au vendredi 9 octobre 2015
Théâtre de la Ville
2 Place du Châtelet, 75001 Paris, France
à 20h30, le dimanche 4 octobre à 17h. Tél. : 01 42 74 22 77. www.theatredelaville-paris.com