La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2014 - Entretien Alain Platel et Serge Kakudji

Baroque métissé

Un contre-ténor congolais, Serge Kakudji, un orchestre de treize musiciens de Kinshasa et l’exubérance rieuse en partage ! Ourdi avec le compositeur Fabrizio Cassol et le chorégraphe Alain Platel, ce Coup fatal fusionne répertoire baroque et musique congolaise traditionnelle et populaire, rock et jazz.

Publié le 23 juin 2014 - N° 222

Un contre-ténor congolais, Serge Kakudji, un orchestre de treize musiciens de Kinshasa et l’exubérance rieuse en partage ! Ourdi avec le compositeur Fabrizio Cassol et le chorégraphe Alain Platel, ce Coup fatal fusionne répertoire baroque et musique congolaise traditionnelle et populaire, rock et jazz.

Comment est né ce projet pour le moins original ?

Alain Platel : L’aventure a débuté en 2008, lorsque le compositeur Fabrizio Cassol a découvert, à Kinshasa, Serge, contre-ténor alors âgé de dix-sept ans. Impressionnés par son talent, nous l’avons invité à rejoindre la création de Pitié !. C’est ainsi que nous avons commencé à travailler ensemble.

Serge Kakudji : Le projet Coup fatal est né dans le cadre d’un programme de coopération avec la République démocratique du Congo que développe le KVS – Théâtre Royal Flamand de Bruxelles -, qui m’a proposé de donner un récital baroque à Kinshasa. J’ai choisi des arias. Sauf que, au Congo, il n’y a pas d’orchestre pour ce répertoire… Il fallait donc constituer une formation, ce que nous avons fait en rassemblant des instrumentistes très différents, qui viennent du jazz, de la musique congolaise traditionnelle ou populaire. Le guitariste Rodriguez Vangama a pris la direction musicale du groupe ainsi constitué. Nous avons créé une première version en 2010 lors de la deuxième édition du festival Connexion Kin, festival international des arts de Kinshasa, organisé par le KVS. Ce fut un succès ! Ensuite, Fabrizio Cassol nous a rejoints dans le rôle de conseiller, puis Alain Platel comme directeur artistique.

« Coup Fatal est avant tout un concert. »

Les arias connaissent donc une interprétation nouvelle ?

S. K. : Les instruments, le likembe, un piano à pouces, par exemple, apportent leur couleur spécifique. Nous gardons les codes du répertoire baroque tout en y mêlant les influences et les sonorités congolaises, tant et si bien que cette musique perd son accent occidental et devient nôtre.

Comment travaillez-vous la dimension scénique ?

A. P. : Coup Fatal est avant tout un concert. J’interviens sur les aspects dramaturgiques et scéniques. J’ai demandé aux musiciens de quitter leur chaise. Je sentais bien leur difficulté à rester assis… D’ailleurs, une fois debout, ils se sont immédiatement mis à bouger ! Je leur ai demandé de faire les gestes dans lesquels ils se sentaient à l’aise. A ce moment-là, j’ai repéré des énergies et des mouvements, qui forment notre matière première, enrichie aussi par le mouvement des sapeurs, à l’élégance dandy si caractéristique. Le rideau de douilles de munitions, élément scénographique conçu par le plasticien congolais Freddy Tsimba, les chaises en plastique bleu et les costumes apportent aussi leurs significations qui se superposent à la musique pour ouvrir les interprétations, par associations d’idées et conjonctions poétiques.

S. K. : Les morceaux choisis portent un sens dans les opéras dont ils sont extraits. Nous nous attachons d’abord à l’exprimer, à travers l’interprétation musicale, le mouvement ou l’intention de jeu. Ne dit-on pas que les Africains naissent avec la foudre dans le regard et la danse dans les jambes ?

 

Entretien réalisé par Gwénola David

A propos de l'événement

Coup fatal
du vendredi 4 juillet 2014 au mardi 8 juillet 2014
Cour du lycée saint-Joseph
Lycée Saint Joseph, 62 Rue des Lices, 84000 Avignon, France

Festival d’Avignon. Cour du lycée Saint-Joseph. Du 4 au 8 juillet, à 22h. Tél : 04 90 14 14 14. Durée : 1h30.

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