Focus Grand ReporTERRE réfléchit les bouleversements de l’époque au fil de spectacles engagés
« Mettre en pièce l’actualité », soit unir [...]
Fondée en 2019 en Bretagne par le metteur en scène Mathieu Coblentz, la compagnie Théâtre Amer se donne pour projet de rendre l’expérience théâtrale vivante pour le plus grand nombre. C’est ce qu’elle fait au Théâtre du Soleil où sept comédiennes et comédiens créent une version libre et resserrée du Roi Lear. Une version nourrie de musiques qui s’éloigne de la pure noirceur pour composer une tragi-comédie au sein de laquelle folie et trahison riment habilement avec drôlerie.
Le Roi Lear, avec son vénérable monarque qui se perd dans l’orgueil et la déraison. Avec ses princesses fourbes et ingrates qui piétinent toute idée d’amour filial. Avec les membres de sa noblesse qui se déchirent, eux aussi, en rebattant les cartes de l’héritage et de la transmission. Avec ses morts en cascade et ses pensées fulgurantes sur le monde, le pouvoir, l’existence… Le Roi Lear, ou plutôt, un Roi Lear. Une version iconoclaste de la tragédie de William Shakespeare qui, au Théâtre du Soleil, prend des airs qu’on ne lui connaissait pas. Dans la mise en scène résolument expressive que signe Mathieu Coblentz, la pièce se réinvente par le biais de musiques, de chansons et d’éclats de grotesque, ainsi qu’à travers une langue réécrite pour notre époque par Emmanuel Suarez. Plongés dans la noirceur et l’abstraction d’une scénographie au dépouillement radical, ses principaux personnages — outrageusement grimés, costumés, accessoirisés — tranchent avec l’austérité de l’univers au sein duquel ils évoluent. Ils vivent et vibrent plus que pleinement, incarnent toute la démesure des passions et des égarements qui vont les anéantir.
Le monde : ce grand théâtre de fous
Bien sûr, cette vision élaguée et baroque du Roi Lear n’investit pas toute la grandeur d’une tragédie qui, plus classiquement, laisse peu de place aux ponctuations du rire. Mais le beau travail de Mathieu Coblentz et de sa troupe (Florent Chapellière, Maud Gentien, Julien Large, Laure Pagès, Camille Voitellier, Florian Westerhoff et Jo Zeugma, qui signe les arrangements musicaux du spectacle, joués et chantés en direct) crée d’autres sortes de plaisirs. Les plaisirs inventifs d’une proposition qui se lance pour défi de s’adresser à tous les publics d’aujourd’hui (à partir de 13 ans). Passant avec souplesse d’un personnage à un autre, les sept valeureux interprètes créent un théâtre aux accents généreusement populaires. Chacun et chacune se transforme, se déplace, se renouvelle pour enrichir le paysage complexe d’une humanité qui porte le fardeau de son malheur. Grand théâtre de fous, mais aussi d’aveugles, de traitres, d’assassins, le monde ici représenté renvoie d’abord à une matière d’extravagance. Avant de s’enfoncer entièrement, et définitivement, dans les abîmes du tragique.
Manuel Piolat Soleymat
Du mercredi au samedi à 20h, le dimanche à 16h. Durée : 2h15. Tél. : 01 43 74 24 08. www.theatre-du-soleil.fr
Également le 29 novembre 2025 au Centre culturel Athéna à Auray, le 2 décembre à L‘Archipel à Fouesnant-les-Glénan, les 4 et 5 décembre au Théâtre du Pays de Morlaix, le 22 janvier 2026 à l’Espace Marcel Carné à Saint-Michel-sur-Orge, le 29 janvier à l’Espace Michel-Simon à Noisy-le-Grand, les 2 et 3 février au Théâtre du Champ au Roy à Guingamp, le 5 février au Quai 9 à Lanester, le 10 février au Centre culturel Fougères Agglomération, le 12 février au Sillon à Pleubian, les 12 et 13 mars aux Théâtres de Saint-Malo, du 5 au 7 mai à La maison du théâtre à Brest.
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