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Avignon / 2025 - Entretien / Eve Bonfanti et Yves Hunstad
Fascinant voyage au centre de la création théâtrale, Au bord de l’eau navigue gaiement sur l’onde frémissante dont la scène forme la berge. Eve Bonfanti et Yves Hunstad en sont les nautoniers malicieux.
Que se passe-t-il au bord de l’eau ?
Eve Bonfanti : Le public assiste à une succession d’illusions théâtrales menées par une actrice et un acteur. Ils jouent deux auteurs en train de faire la lecture de leur pièce qui n’est pas encore vraiment écrite. Ils ne savent pas encore qui sont les personnages qui vont apparaître petit à petit dans leur récit. Quant aux personnages, ils ne se connaissent pas non plus entre eux au début, alors qu’ils font pourtant partie de la même famille. C’est leur rencontre au bord d’un étang qui le permettra, sachant que le public joue le rôle de l’étang !
Yves Hunstad : Ainsi, le public qui assiste à la fiction se retrouve avec les deux auteurs en train de fabriquer la pièce tout en s’apercevant que ce n’est qu’une autre fiction, une fusion entre créateurs et personnages, une intrusion dans le monde du théâtre par le biais d’un miroir, un plongeon dans un univers en trompe-l’œil. La pièce crée, avec le public, une complicité d’intelligence centrée sur l’imagination, dans un hommage au pouvoir du théâtre de faire exister l’invisible.
Depuis sa création il y a vingt ans, la pièce a-t-elle évolué ?
Y.H. : Nous l’avons jouée plus de 600 fois. Le texte ne change pas mais nous avons l’exigence de travailler toujours la vérité du jeu, jusqu’à faire croire qu’on ne joue pas et que tout s’invente ans l’instant. Ce rapport particulier au théâtre, alors, est intemporel : la vie naît au présent à chaque seconde, chaque soir.
E.B. : Nombreux est le public qui vient revoir Au bord de l’eau pour éprouver le plaisir de ce temps suspendu, fait de rien, de beaucoup de riens, sans décor, sans effets de lumières. Dans cette économie de moyens, le spectacle peut tourner partout, aussi bien dans les grandes salles que dans les petits lieux et même en itinérance.
Quel plaisir de jouer à Avignon ?
E.B. : Le plaisir d’être dans un festival où la préoccupation essentielle des personnes qui sont présentes est le théâtre. Ce moment de partage donne de l’espoir.
Y.H. : Ça fait aimer le verbe aimer : l’amour présent vibre à Avignon. C’est pour ça que nous aimons y présenter cette pièce qui met à l’honneur les relations entre la scène et le public, entre une autrice et un auteur, entre les personnages et ceux qui les écrivent et les jouent. Ce spectacle est une proposition de vie.
Propos recueillis par Catherine Robert
à 17h10, relâche le mercredi.
Tél. : 04 90 86 17 12.
Durée : 1h30.
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