Après Jean-Luc Godard – Je me laisse envahir par le Vietnam d’Eddy D’aranjo

« L’univers artistique de Jean-Luc Godard est constitué de trois choses. D’abord de la relation aux sentiments, en particulier à la mélancolie et à l’amour. Ensuite, de la question de la pensée, à travers la manière dont le cinéma, en même temps qu’il se produit, interroge ce qu’il est et ce qu’il peut. Enfin, du rapport entre les images et les mots, de l’exploration de leurs coïncidences et de leurs dissonances. Pour créer Après Jean-Luc Godard – Je me laisse envahir par le Vietnam, nous sommes partis de ces choses-là, en nous émancipant peu à peu du cinéma de Godard pour imaginer une forme différente. Notre spectacle met en jeu la notion d’héritage. Il cherche à explorer les diverses façons dont on peut prendre soin de ce qui est en train de disparaître : ce qui est une manière de se demander comment on peut faire en sorte que la dissidence, ou le désir d’exception, restent vivants.

Défendre les territoires du théâtre réaliste

Notre création est une juxtaposition de plusieurs théâtralités, de plusieurs vocabulaires, presque de plusieurs pièces. Il y a d’abord une fiction, qui prend l’allure d’un mélodrame familial. Puis vient une performance plus chorégraphique, plus intime. La suite du spectacle traite de l’histoire du XXème siècle et du cinéma de Godard sur un mode documentaire. A travers un récit de ce qu’a été ce cinéma, cette seconde séquence engendre une méditation sur les relations entre esthétique et éthique, sur le rapport de l’image à la morale. Après Jean-Luc Godard – Je me laisse envahir par le Vietnam est le premier spectacle de ma compagnie (ndlr, Compagnie Objet Bleu et Brutal – Recherches Réalistes), dont l’ambition artistique est de défendre les territoires du théâtre réaliste, de poursuivre l’histoire du théâtre politique en y adjoignant les dimensions mentales, fantasmatiques, symboliques de l’expérience. »

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat