Thierry Roisin / Les derniers instants d’Alexandre le Grand
Avant d’achever son mandat à la tête de la [...]
Le metteur en scène napolitain Luca De Fusco et la dramaturge Valeria Parrella réécrivent et réinventent le mythe d’Antigone. D’une beauté épurée et captivante, la mise en scène conjugue les effets de la parole, de la musique et des images.
Le théâtre prouve ici que ses histoires les plus connues peuvent encore et toujours surprendre, grâce au regard des artistes, et grâce à la mise en œuvre de ce regard, ici particulièrement frappante. Commandée par Luca De Fusco, directeur du Teatro Stabile de Naples et du Napoli Teatro Festival, à la jeune dramaturge Valeria Parrella, cette réécriture de l’Antigone de Sophocle prends corps dans notre monde contemporain, et met en lumière sous un nouveau jour l’affrontement entre deux visions du monde, entre deux catégories de lois. Créon est ici devenu “Le Législateur“. Polynice, blessé au combat, est maintenu en vie par un respirateur artificiel. Sa sœur Antigone souhaite interrompre les soins pour pouvoir lui donner une sépulture. Le metteur en scène apprécie l’absence de tout manichéisme facile dans ce conflit : « moi-même, je n’ai pas d’opinion absolument tranchée sur la question. La réponse la plus juste à mon sens est donnée par le Chœur “restreint“ quand il affirme que (…) “la relation modifie le jugement“ ».
Combinaison des effets
La musique de Ran Bagno et la scénographie de Maurizio Balo, qui s’appuie sur les apports de la vidéo, contribuent fortement à structurer la mise en scène, qui restreint l’action et entrelace efficacement les impacts de la parole, de la musique et des images. D’une beauté épurée, cette mise en forme de la fable s’écarte du réalisme, de l’identification et de l’illustration pour se concentrer sur l’essentiel et atteindre une dimension conceptuelle, quasi abstraite, qui puise dans la combinaison des effets une force saisissante. « J’ai essayé d’incruster les personnages dans l’obscurité, de les faire émerger de la boîte noire de Maurizio Balo comme de pures abstractions, des fantasmes ou des souvenirs. » confie le metteur en scène. A découvrir !
Agnès Santi
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