« Lichen » de Magali Mougel, la chronique d’une famille en lutte contre la dépossession de son logement.
Julien Kosellek crée Lichen, texte de Magali [...]
Dans Alexeï et Yulia, Sabrina Kouroughli et Gaëtan Vassart s’emparent d’un mythe, celui du couple Navalny, pour en proposer leur propre lecture et porter leur regard sur l’intimité de ces deux êtres dépassés par leur destin. Une pièce de théâtre intensément chargée en sens et en émotion.
Destin singulier, extraordinaire, que celui d’Alexeï Navalny. Comment ne pas avoir envie de faire une figure de théâtre de celui qui s’est offert en martyr pour l’idée qu’il se faisait de son pays ? Mais le considérer à part de sa femme Yulia, ce serait se priver de voir l’homme derrière la figure héroïque, et oublier que ce combat fut et reste un combat porté à deux. Penser Alexeï Navalny sans Yulia, c’est oublier que les décisions du premier n’ont pas eu exclusivement un impact sur la foule indistincte de ses compatriotes et contemporains, mais également sur ses proches, au premier rang desquels celle qui était sa partenaire de toujours, et qui mérite pleinement d’avoir son prénom dans le titre de la pièce. Sabrina Kouroughli et Gaëtan Vassart convient donc le public à une tragédie telle que ne l’aurait pas reniée Racine : l’amour le dispute au devoir, les deux époux à la fois indissociablement liés mais pris chacun, au seuil de l’ultime décision, dans sa propre logique. Pour l’une, c’est l’amour, l’avenir possible en exil avec une famille, la résistance qui se fait debout et vivant. Pour l’autre, c’est la fidélité à soi-même et à ce qui est dû, l’avion à prendre pour être en Russie avec ceux qui attendent son retour comme un signe, la résistance qui se fait debout et qui refuse de tenir compte du fait que la mort s’approche inexorablement.
You just keep me hanging on / You’re going to reap just what you sow
Alexeï et Yulia s’ouvre sur une superbe reprise de Perfect Day de Lou Reed, qui résonne avec beaucoup de justesse sous les voûtes de la Chapelle du Théâtre des Halles. Dès les premiers mots prononcés par Sabrina Kouroughli dans le rôle de Yulia, on sait que le choix artistique est celui d’une interprétation au bord des larmes, de la projection paroxystique du pathos. Le texte, structuré moins comme un dialogue mais davantage comme une série de monologues croisés, est restitué avec beaucoup de précision par les deux interprètes, qui y mettent la même intensité. Dans un aller-retour caractéristique, ils basculent – parfois au milieu d’une réplique – entre une adresse au partenaire et une adresse directe à la salle. Ce sont des partis-pris clivants : soit on appréciera que les personnages tremblent en permanence des pieds à la tête de ce drame qu’ils traversent, soit on regrettera qu’il n’y ait pas davantage de place pour la nuance, un doute murmuré, un geste de tendresse si fugace soit-il. Ce huis clos perpétuellement haletant pose des questions brûlantes à l’heure où la démocratie semble vaciller : faudra-t-il d’autres martyrs pour la défendre, y compris hors des frontières de la Russie ?
Mathieu Dochtermann
à 14h00. Relâche les 9, 16 et 23 juillet. Durée 1h. Tél. : 04 32 76 24 51.
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