De Vénus à Miriam au pas de mon chant
Chantal Loïal, danseuse, chorégraphe et [...]
Emanuel Gat lance ses onze danseurs dans les deux derniers actes de Tosca de Puccini.
Pour ce nouveau projet, on ne s’éloigne pas de votre démarche autour des liens entre la musique et la danse… Mais pourquoi ce grand écart, après la pop et le rock de LOVETRAIN2020 ?
Emanuel Gat : Si on regarde en arrière, l’opéra, c’est un peu la musique pop de l’époque ! La pop des années 80, que l’on a utilisée dans LOVETRAIN et qui est grandiose, euphorique, n’est en fait pas très éloignée de l’opéra. Cette pièce n’était pas du tout prévue. Elle découle d’annulations, et nous avons mis ce temps libre à profit pour initier une résidence de deux semaines à Metz, sans arrière-pensées. Après dix jours, la pièce était là, amenée par les circonstances. Seuls dans un théâtre fermé, nous n’avons jamais vécu un tel processus de création. C’est la première fois que j’ai travaillé avec de l’opéra, avec des voix qui jouent des rôles et une histoire, mais je voulais une autre façon d’aborder ces œuvres, à travers une chorégraphie qui n’essaye pas d’illustrer ce qui se passe. Pourtant, ce n’est pas de la danse abstraite. C’est la danse la plus concrète au monde, avec des personnalités, des relations, des tensions, des choses qui se passent à l’intérieur du groupe. Il y a donc un aspect dramaturgique toujours présent, sauf qu’avec cette musique, c’est comme si cela se voyait davantage.
Cela vous a-t-il déplacé dans votre rapport à la musique ?
E.G. : Oui, nous avons travaillé d’une manière nouvelle. Le 2ème acte, par exemple, est musicalement coupé en onze parties. Cela tombait très bien car j’avais onze danseurs ! Ce sont donc des solos qui s’enchaînent, et j’ai poussé chaque danseur dans un travail très différent, certains s’adressent à la voix ou à l’orchestre, d’autres s’adressent à l’une des voix, et pas aux autres. Il y a eu un travail de composition très spécifique de chacun de ces solos par rapport à la musique. C’est une chose que je ne fais pas d’habitude, sauf peut-être pour Le Sacre, puisque je travaille séparément la chorégraphie et ensuite se tient un travail de mise en cohabitation des deux structures. Cette fois, nous sommes allés chercher vraiment à l’intérieur de la musique la source du mouvement.
Propos recueillis par Nathalie Yokel
à 20h. Tél. : 03 87 74 16 16.
Chantal Loïal, danseuse, chorégraphe et [...]