ABACA de Béatrice Massin

Le rondeau naît de la danse, de la ronde, il ancre ce qui deviendra une forme lyrique dans le corps, le rythme et la musique. Mais qu’il soit chorégraphique ou poétique, son essence n’est autre que le retour du refrain. Autrefois pratique sociale liée au jeu amoureux des cours, il reste une activité ludique, ouverte aux amateurs comme aux danseurs professionnels. Pour Béatrice Massin, c’est l’occasion de créer une pièce légère, qui mêle les univers baroque et contemporain en un dialogue nourri. Béatrice Massin nous entraîne ainsi dans ses ritournelles, enchaînant duos, trios et solos.

L’éternel retour

ABACA, qui n’est autre que l’ensemble des lettres qui forment la structure du rondeau, donne lieu à un jeu chorégraphique qui, tel un puzzle spatial et temporel, organise l’écriture en ouvrant à chaque fois un nouvel univers : du cercle de la danse à la ronde de la vie. C’est un rondeau pour quatre danseurs (trois hommes et une femme) et une porte, essentielle à la dramaturgie de la pièce. Si le refrain est toujours confié à la danseuse, son trajet linéaire n’aboutit jamais car il est à chaque fois perturbé par un évènement extérieur. C’est à un moment de pur divertissement que le spectateur est convié, au son de musiques de toutes sortes, notamment d’accents jazz. Le monde baroque s’ouvre vers l’ailleurs pour faire front contre la grisaille de notre environnement et l’amertume de notre quotidien. ABACA s’offre comme une véritable ode à la joie et à la liberté de danser.

Agnès Izrine