Il Nerone : un Couronnement de Poppée impromptu, Le Poème harmonique, direction Vincent Dumestre, mise en scène Alain Françon
Vincent Dumestre dirige avec vigueur cette [...]
Kent Nagano dirige la première française du dernier opéra de Bernstein, A quiet place, dans une nouvelle version pour grand orchestre, et une mise en scène littérale de Krzysztof Warlikowski.
A quiet place est conçu, au début des années 80, comme une suite, trois décennies plus tard, à Trouble in Tahiti, où il démasquait – déjà – les illusions de la famille américaine. On retrouve le même couple, Sam et Dinah, que vient de séparer la disparition brutale, dans un accident de voiture, d’une épouse sous emprise de l’alcool et de la dépression. A l’heure des funérailles et du deuil, les retrouvailles des enfants avec le père tentent de cautériser les blessures du passé. Créé en 1983 à Houston puis remanié trois ans plus tard pour intégrer Trouble in Tahiti comme un flash-back, l’ouvrage avait été repris, comme une pièce autonome, en 2013, par Garth Edwin Sunderland dans une version de chambre, réorchestrée pour grand effectif pour la première française à Garnier. Défendue avec conviction par Kent Nagano, la partition affirme un éclectisme épiçant de pastiches, citations, jazz, voire pop-rock, une large synthèse des traditions savantes, parfois un peu bavard dans des dialogues profus, en particulier dans l’hystérie de l’enterrement. Cette expérimentation d’une hybridation opératique, que Bernstein voulait affranchie d’une imitation servile des codes européens, réserve de beaux moments, entre autres dans des interludes où l’élan romantique n’oublie pas la pudeur.
Une œuvre hybride
Explorateur inlassable de la cellule familiale, Krzystof Warlikowski confirme dans cette lecture littérale sa pente vers la sobriété, d’une lisibilité bienvenue pour une œuvre peu connue. Dans l’esthétique reconnaissable de la scénographie de Malgorzata Szczesniak, de plexiglas et pièces coulissantes, le tapissage vidéo, non-invasif, déroute le réalisme cinématographique : la figure de Dinah y ressemble à une poupée de cire. La mise en scène peut compter sur l’investissement du quatuor familial, entre la Dede vibrante de lyrisme de Claudia Boyle, le Sam robuste de Russell Braun, le ténor souple mais non lisse du François incarné par Frédéric Antoun, et les aspérités d’un Junior tourmenté de Gordon Bintner, provocant et touchant à la fois, sans oublier la galerie de personnages secondaires devant le cercueil.
Gilles Charlassier
à 20 heures, le dimanche à 14h30. Durée : 1h40 sans entracte. Tél : 08 92 89 90 90. Places de 10 à 170 euros.
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