Reprise de la très belle Mouette de Cyril Teste
Spectacle remarquable à la jonction du [...]
La compagnie catalane La Perla 29 et son metteur en scène Oriol Broggi fabriquent une fresque théâtrale et musicale en hommage au cinéma néoréaliste italien et au monde de l’art. Un périple généreux, joyeux, quoiqu’un peu long.
« Il n’y a pas de fin. Il n’y a pas de début. Il n’y a que la passion infinie de la vie. » Et aussi celle de la création ! Ces mots du maestro Federico Fellini que le collectif de Barcelone La Perla 29 a décidé de faire siens donnent le ton d’un spectacle en forme d’hommage joyeux et foisonnant au cinéma néo-réaliste italien, mais aussi au monde de l’art en général, aux gestes créateurs qui inventent des fictions et des rêves, qui redécouvrent autrement la vie qui toujours se finit. Car ici, sur ce plateau à l’ambiance foraine recouvert de sable ocre, célébrer l’art c’est aussi redonner du sens et de la joie, questionner sans relâche l’art en train de se faire. « 28 et demi se veut un regard sur la vie, sur l’art qui regarde la vie, et sur les doutes de l’un et de l’autre » confie le metteur en scène Oriol Broggi. Initialement créée en 2013 à partir d’improvisations autour de Huit et demi de Fellini, la pièce est aujourd’hui revisitée. Chant d’amour, quête aventureuse, succession de scènes et tableaux où la musique est jouée en direct sur la scène, le spectacle embrasse son sujet avec une sincérité qui rappelle l’élan généreux et l’amplitude collective du Théâtre du Soleil. Mais si certaines scènes touchent particulièrement, comme celle évoquant le sublime film de Scola Une journée particulière ou celles plus musicales, d’autres se montrent trop longues, trop redondantes. L’ensemble, très éclaté, parfois bavard, deviendrait merveilleux s’il était resserré, mais peut-être est-ce là le défaut d’un amour si immense que l’idée de soustraction ne lui convient guère.
Une traversée festive
Nourrie d’une multitude de citations littéraires – La Divine Comédie de Dante, Six personnages en quête d’auteur de Pirandello, Oncle Vania de Tchekhov, et bien d’autres – mais aussi d’une foule de références cinématographiques – l’exceptionnelle scène du poulailler de Pain et Chocolat de Franco Brusati, La Strada de Fellini… –, le spectacle engage une traversée festive, mêlant dans le prolongement du mouvement néo-réaliste le joyeux et le mélancolique. En pleine conscience de la fragilité de la vie, avec fantaisie et allégresse, mais sans cet humour et cette ironie qui traversent les génialissimes comédies à l’italienne. À l’instar de Huit et demi les difficultés de la création font sujet, par exemple lors de scènes de répétition où un metteur en scène ne se satisfait pas du résultat. Au fil de ce vaste hommage au théâtre et au cinéma de Cinecittà, de beaux moments apparaissent. « Notre théâtre est un petit espace d’ordre, de routine, d’attention et d’amour. » dit l’un des personnages. Un espace offert au regard, en partage. Quels immenses créateurs que le Maestro Fellini, Scola, Risi… Faut-il s’étonner que Marcello Mastroianni que l’on a tant aimé ne soit plus aujourd’hui si connu ? La Terrasse est heureuse de devoir son nom au film de Scola, et partage avec l’équipe de La Perla 29 un attachement à ces artistes italiens à l’infinie compréhension et à l’éblouissant talent.
Agnès Santi
du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30, le dimanche à 15h30. Tél : 01 44 62 52 52. Durée : 2h15. Spectacle en catalan et en italien surtitré en français.
Spectacle remarquable à la jonction du [...]
Avec Jean-Michel Rabeux, Bruno Geslin adapte [...]