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Danse - Gros Plan

2019 d’Ohad Naharin à Montpellier Danse

2019 d’Ohad Naharin à Montpellier Danse - Critique sortie Danse Montpellier Opéra Berlioz Le Corum
Crédit : Ascaf 2019 par la Batsheva Dance Company

Festival Montpellier Danse / Chor. Ohad Naharin

Publié le 24 mai 2022 - N° 300

2019, la nouvelle création d’Ohad Naharin pour la Batsheva Dance Company, est l’un des événements marquants de cette édition de Montpellier Danse. À ne pas rater.

On pourrait mettre en miroir les deux dernières pièces d’Ohad Naharin. L’une est Venezuela, dont Ohad Naharin lui-même dit que le titre est une ville choisie au hasard et n’a que peu d’importance. L’autre s’appelle 2019. La première évoque donc un « pays » entouré d’un grand mur où vivent deux groupes de personnes qui font les mêmes mouvements, où les corps sont dans une urgence totale, où s’affrontent des religieux et des profanes, où l’on rêve que les nationalismes soient abolis, où chaque geste est soumis à son interprétation. 2019, par contre, est, selon le chorégraphe « un produit du terroir » dont la gestuelle et la mémoire ancrée dans les corps plongent dans le répertoire de la culture israélienne. La partition des espaces est déjà incluse dans une scénographie superbement astucieuse signée Gadi Tzachor, une sorte de Catwalk sur lequel évoluent les danseurs, qui pourrait tout aussi bien être une piste d’atterrissage ou, comme le suggère Naharin, « cette étroite bande de terre entre le Jourdain et la Méditerranée ».

Une danse intense

Sous les yeux des spectateurs assis de part et d’autre de cette « scène », les danseurs, élégants et sauvages, vibrent et se métamorphosent, se désarticulent et semblent exploser en plein vol, ou ralentissent à l’extrême comme suspendus à un temps immobile. Des corps résistants en quelque sorte. Le mixage musical mêlant chansons israéliennes, arabes, et textes du dramaturge et metteur en scène Hanoch Levin, imprégnés d’une critique subversive de l’État d’Israël, matérialise le contexte de 2019. Pour la première fois, peut-être, Ohad Naharin livre dans cette pièce à la gestuelle pourtant plus sensuelle et expressive, plus individualisée aussi que dans ses œuvres précédentes, son point de vue politique et personnel. « Après tout, dans le récit local, nous sommes tous assis sur le balcon à regarder les oiseaux migrer, le corps battant pour la nouvelle année, mais aussi à anticiper l’inévitable guerre imminente » écrit-il, avant de dédier cette œuvre à son père, Eliav Naharin, disparu en 2018.

Agnès Izrine

A propos de l'événement

2019 d’Ohad Naharin
du vendredi 24 juin 2022 au vendredi 1 juillet 2022
Opéra Berlioz Le Corum
Place Charles de Gaulle, 34000 Montpellier.

à 18h et 20h30. Relâche le lundi 27. Tél. : 04 67 60 83 60. Durée 75 minutes.

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