17ème année consécutive, SPRING – Festival des nouvelles formes de cirque

En accueillant depuis ses débuts les écritures circassiennes les plus diverses, SPRING – Festival des nouvelles formes de cirque est devenu un événement majeur pour qui souhaite se tenir au courant des dernières tendances de la discipline et en observer les lignes de force. La 17^ème édition de ce rendez-vous porté par la Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie, qui rassemble La Brèche à Cherbourg et le Cirque-Théâtre d’Elbeuf, ne fait pas exception. Du 9 mars au 8 avril 2026, la région se met au diapason des identités circassiennes, dont l’une des caractéristiques est d’échapper à toute tentative de définition figée et normative. Dans le cadre d’un focus consacré à la roue Cyr par exemple, on découvre ainsi trois formes à forte teneur autobiographique ou autofictive, qui donnent à voir des personnalités faisant du cirque le lieu de questionnements intimes. Dans son solo Sortir par la porte, Juan Ignacio Tula utilise ainsi son agrès comme « un outil au service de son inconscient » pour évoquer une période de sa vie : son enfermement dans un centre de désintoxication à Buenos Aires de ses 16 à ses 18 ans. Dans Commencer à exister, le jongleur Martin Palisse poursuit avec le metteur en scène David Gauchard une recherche amorcée avec son spectacle Time to tell. Avec Stefan Kinsman, prodige de la roue Cyr, il interroge la notion d’héritage familial et culturel. Dans In Difference enfin (lire notre critique), Marica Marinoni et Jef Everaert font de la roue un espace commun pour leurs personnalités très différentes.

Des cirques en liberté

On découvre aussi le troisième portrait d’artiste de Clément Dazin : Mahamat, co-écrit et interprété par l’acrobate et danseur Mahamat Fofana. Ce spectacle constitue pour son metteur en scène autant une preuve d’admiration de l’artiste qu’un geste répondant à son constat selon lequel « certains profils sont sous-représentés, voire invisibles dans le paysage de la création contemporaine circassienne ». Ce désir d’élargir le spectre circassien en matière de représentation d’identités diverses est aussi à l’œuvre, d’une tout autre façon, dans Bestiaire / Vestiaire de la Maison de La. Dans ce cabaret circassien, des créatures partagent le temps d’un repas « leur espace de jeu pour faire souffler un grand vent de liberté… d’être soi ». On assiste encore aux premières de Catharsis, où Marianna Boldini et Basile Forest se livrent dans une ambiance de bar des Balkans, en musique, à un duo de cadre coréen et de main-à-main où la relation homme-femme se déplie dans toute sa complexité. Pour une représentation unique, l’opéra se mêle au jonglage dans une autre création inédite, Notes jonglées à l’Opéra Orchestre Normandie Rouen. Comme à son habitude, SPRING s’adresse aussi au jeune public à travers une série de propositions où l’éloge des singularités n’est pas en reste.

Anaïs Heluin