Festival Re.Génération 2024 au Théâtre 14
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Créé en février dernier au Théâtre de l’Union, à Limoges, 1200 tours est aujourd’hui présenté au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis. Écrite par Sidney Ali Mehelleb, mise en scène par Aurélie Van Den Daele, interprétée par une troupe de douze comédiennes et comédiens, cette « comédie militante, naïve et pleine d’espoir » peine à imposer sa démesure.
Il s’agit d’une pièce qui s’autorise le débordement, qui touche à de nombreuses thématiques, qui présente une foule de situations et de personnages. Il s’agit du premier volet d’un triptyque qui se donne pour dessein de dire notre époque sans cadrer son propos et son imaginaire, dans un esprit de profusion et de liberté. Il s’agit d’une représentation d’un peu plus de trois heures qui inclut « un précipité », c’est-à-dire un entracte durant lequel des comédiennes et comédiens continuent à jouer sans que cela influe sur la compréhension globale du spectacle. Les publics peuvent ainsi choisir de sortir de la salle, ou bien d’assister à ce qui se passe sur le plateau, librement… La liberté est au cœur de ce projet qui butte sur une distribution inégale et des lignes narratives qui ne font pas toujours sens. À travers son foisonnement, 1200 tours cherche à nous parler d’une France urbaine au sein de laquelle une certaine presse est soumise au grand capital. On fait, aussi, la connaissance d’une jeune rappeuse noire emprisonnée car suspectée d’avoir déclenché une émeute, un 14 juillet (ce personnage est incarné par la formidable Benicia Makengele, une révélation).
Un patchwork urbain
Parmi les autres protagonistes de cette pièce aux allures de patchwork, une députée, Raïssa Drama, amie d’enfance de la musicienne incarcérée, s’est engagée en politique pour faire entendre la voix de citoyennes et citoyens invisibilisés. Ce monde qui bouillonne, qui va à cent à l’heure et part un peu dans toutes les directions, entrecroise des récits qui nous sont adressés soit par le biais de vidéos, soit grâce à la présence engagée d’actrices et d’acteurs sur le plateau. Organique, mettant en jeu l’épuisement des corps et la complexité d’une société qui a perdu ses repères, la mise en scène d’Aurélie Van Den Daele (directrice du Centre dramatique national du Limousin depuis septembre 2021) fait ce qu’elle peut pour donner vie au texte hétéroclite de Sidney Ali Mehelleb. Quelques beaux tableaux nous parviennent, ainsi que des visions singulières traversées de hip-hop, nourries de prises de conscience aiguës sur notre époque. D’autres moments, eux, s’effilochent. Ils déséquilibrent une proposition ambitieuse qui demanderait à être recentrée, resserrée, pour trouver son intensité.
Manuel Piolat Soleymat
Du lundi au vendredi à 19h30, le samedi à 17h, le dimanche à 15h. Relâche le mardi. Spectacle vu le 5 février 2024 au Théâtre de L’Union, à Limoges. Tél. : 01 48 13 70 00. Durée : 3h15.
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