Tartuffe

« Dans nos société contemporaines en pleine mutation, anxiogènes à souhait et où le paraître règne sans partage, la comédie de Molière la plus polémique est d’une actualité brûlante », déclare Jean-Marie Russo. Tel est le point de départ du projet conçu par le directeur artistique du Plakka Théâtre : pointer du doigt « tous les tartuffes d’aujourd’hui qui prolifèrent plus que jamais et embobinent à plaisir tous les Orgon potentiels qu’ils trouvent sur leur chemin ». Revisitant cette comédie en vers dans laquelle un riche bourgeois tombe sous l’emprise d’un faux dévot (s’introduisant dans sa maison, l’imposteur en vient à le dépouiller), Jean-Marie Russo présente une version adaptée de la pièce qui, tout en restant fidèle au texte, resserre l’intrigue autour du couple Orgon / Tartuffe. Et fait disparaître les personnages de Damis et de Valère.

« Corriger les hommes en les divertissant »

Nicolas Clauzel (Cléante), Claire Ruppli (Elmire, Mariane), Jean-Marie Russo (Tartuffe), Martin Vaughan-Lewis (Dorine, Monsieur Loyal, L’Exempt) et Mouss Zouheyri (Madame Pernelle, Orgon) sont les interprètes de cette proposition qui veut transmettre « l’entière puissance comique de cette farce jubilatoire ». Car comme le metteur en scène nous le rappelle, pour Molière, « le devoir de la comédie est de corriger les hommes en les divertissant ». Plongés dans un décor composé de grands panneaux translucides (jouant sur la dualité opacités / transparences), les cinq comédiens donnent corps à un spectacle qui ne s’enferme dans aucune époque. A l’instar de la « page blanche imaginaire » à laquelle renvoie la scénographie de Catherine Nadal, ce Tartuffe vise à l’intemporalité. Une façon de dénoncer, au-delà des siècles, « l’un des vices les plus corrosifs de la nature humaine ».

Manuel Piolat Soleymat