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Danse - Critique

Winterreise, Chorégraphie d’ Angelin Preljocaj

Winterreise, Chorégraphie d’ Angelin Preljocaj - Critique sortie Danse Aix-en-Provence Grand Théâtre de Provence
Crédit : Jean-Claude Carbonne Winterreise d’Angelin Preljocaj

Grand Théâtre de Provence / Théâtre des Champs-Elysées / Chor. Angelin Preljocaj

Publié le 27 août 2019 - N° 279

Winterreise, ambitieuse création d’Angelin Preljocaj, nous donne une leçon de ténèbres de haute volée.

Angelin Preljocaj n’a pas choisi la facilité en s’attaquant à Winterreise (Le Voyage d’Hiver), sombre et merveilleux cycle de vingt-quatre lieder de Franz Schubert, une musique très forte, et une œuvre vocale desservant plutôt la danse que la mettant en valeur. Dans ce cas précis, il s’est encore compliqué la tâche en préférant s’accompagner de deux formidables interprètes, Thomas Tazl, un jeune baryton basse, et James Vaughan au piano forte. Mais cet amoureux de l’écriture qu’est le chorégraphe a réussi à faire du Voyage l’obscur écrin d’une danse chatoyante, d’un éclat funèbre. Il faut dire que les poèmes de Wilhelm Müller qui composent le livret racontent la lente agonie d’un cœur blessé en proie à la mélancolie, selon un arc tendu entre deux morts, avec, à son acmé, comme une lueur d’espoir. La scénographie suit ce mouvement, tandis que la chorégraphie nous fait plonger dans les remous de l’âme esseulée, dans ses impatiences, ses spasmes vibratiles, ses langueurs torpides, ses élans déchirés.

Déchirant et sensuel

Ce Voyage d’hiver composé alors que Schubert, à l’âge de 31 ans, pressent sa mort prochaine (il disparaît quelques mois après avoir achevé le cycle de lieder), a inspiré à Preljocaj une composition vibrante tout en chromatisme, fondu au noir, qui dialogue avec la mort. Un thème déjà exploré dans Still Life (2017), qui défiait la vanité des choses par l’éphémère de la danse. Façon peut-être de transcender l’inexorable, qui commence, pour les danseurs, par un corps vieillissant. Comme pour cette pièce précédente, son vocabulaire s’infléchit vers des figures plus classiques, notamment des attitudes et des développés tout en lenteur, ainsi que des ports de bras plutôt langoureux, tout en conservant une énergie très contemporaine. Il faut dire que la pièce a été créée à l’origine pour les danseurs de la Scala de Milan avant d’être transmise aux danseurs du Ballet Preljocaj pour la création à Montpellier Danse. Reste la patte inimitable du chorégraphe, avec sa façon très singulière d’enchevêtrer les groupes, d’inventer des trios aussi palpitants que sensuels.

Agnès Izrine

A propos de l'événement

Winterreise, Chorégraphie d’ Angelin Preljocaj
du mardi 24 septembre 2019 au vendredi 27 septembre 2019
Grand Théâtre de Provence
380 Avenue Max Juvénal, 13100 Aix-en-Provence

à 20h. Tél. : 08 2013 2013. Théâtre des Champs Elysées,15 avenue Montaigne, du 3 au 5 octobre 2019 à 20h. Durée 1h15. Tél. : 01 49 52 50 50. Spectacle vu le 3 juillet 2019 à Montpellier Danse.

 

 

Egalement : Le 10 octobre aux Salins, Scène Nationale de Martigues ; les 17 et 18 octobre à L’Arsenal de Metz ; le 28 novembre aux Scènes du Jura, Dole ; les 11 et 12 janvier 2020 au Théâtre Graslin, dans le cadre d’ANO, Angers Nantes Opéra à Nantes ; les 19 et 20 mars à l’Opéra National de Bordeaux ; les 24 et 25 mars à l’Opéra de Rennes ; le 27 mars au Quai, Centre national de danse contemporaine, Angers ; le 31 mars au Quai 9, Lanester ; du 1er au 3 avril à La Criée, Théâtre National de Marseille ; les 27 et 28 avril, Opéra de Rouen.

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