Homme-orchestre de La Noce de Tchekhov.
Vladimir Pankov dirige à Moscou le SounDrama, compagnie théâtrale, collectif d’artistes et studio d’enregistrement. Ses mises en scène festives conjuguent musique, chant, danse et parole, et La Noce effrénée de Tchekhov devient une sorte de cabaret à la tonalité onirique.
Comment La Noce vous a-t-elle intéressé dans l’œuvre de Tchekhov ?
Vladimir Pankov : C’est en réalité le hasard d’une coïncidence. Tandis que je regardais la télévision un soir par désoeuvrement, je suis tombé sur un vieux film russe intitulé La Noce, interprété par des comédiens géniaux. Tout en regardant, fasciné, ce trésor filmique, je me suis aussitôt dit que je mettrai en scène, un jour, cette œuvre singulière de Tchekhov. Et le lendemain, – chose difficile à croire quand on la raconte -, Valery Chadrine, le directeur du Festival Tchekhov, m’appelle pour me proposer un spectacle d’après La Noce au Théâtre Yanka Koupala de Minsk. J’ai immédiatement donné mon accord !
Amour sincère ou bien intérêts d’argent, des forces extrêmes s’opposent dans ce cabaret mi-figue mi-raisin. En quoi la pièce vous touche-t-elle ?
V. P. : J’aime cette œuvre parce que le vaudeville se marie avec le tragique et la sexualité, avec le thème du temps et les motifs sociaux et politiques. Comme toute œuvre classique, la pièce ne peut se réduire à un résumé succinct. Pour moi, ce texte et son écriture parlent de la foi. Pour Tchekhov, tout commence par la foi en l’homme, c’est l’une de ses propres citations les plus fréquentes.
« J’aime cette œuvre parce que le vaudeville se marie avec le tragique et la sexualité. »
Comment avez-vous réactualisé la pièce pour les années 2010 ?
V. P. : Je ne saurais vous dire si j’ai rendu cette pièce actuelle. Peut-être le spectateur pourra-t-il le dire. Je ne cesse pas de croire de mon côté, que le leitmotiv de la foi humaniste est récurrent, comme inusable et inaccessible au néant.
Pourquoi inscrivez-vous dans votre travail l’évidence de la musique et des chants au milieu du geste, de la danse, de la déclamation ?
V. P. : Je pense que quand Dieu a créé le monde, il a commencé par la musique. Je considère que la musique est présente dans la vie à partir du moment où l’homme naît ; le battement du cœur, la pulsation relèvent du rythme avant tout. La musique est présente dans tous les instants de la vie quotidienne. La vie signifie en quelque sorte la musique ; on ne peut séparer ces deux réalités intimes.
Quelle est votre conception du théâtre pour vous, jeune metteur en scène ?
V. P. : Pour moi, le théâtre représente un État, un État qui aurait ses lois, ses valeurs et ses citoyens, des gens qui ressentent une proximité active entre eux à travers l’art de la scène.
Propos recueillis par Véronique Hotte
(Traduction de Tatiana Trostnikova)
La Noce, d’après Anton Tchekhov ; mise en scène de Vladimir Pankov. Du 19 au 23 octobre 2010 à 20h30, samedi 23 octobre à 15h et 20h30. Théâtre des Abbesses, 31 rue des Abbesses 75018 Paris . Tél : 01 42 74 22 77. Le 4 novembre à Dieppe, et le 6 novembre à Louviers. Dans le cadre d’Automne en Normandie. Tél : 02 32 10 87 07. Spectacle en biélorusse surtitré.