La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Vie du grand dom Quichotte et du gros Sancho Pança.

Vie du grand dom Quichotte et du gros Sancho Pança. - Critique sortie Théâtre
Photo : Cosimo Mirco Magliocca Dom Quichotte (Michel Favory) dans les mains du Barbier (Christian Blanc) et de ses apprentis (Christian Gonon).

Publié le 10 juin 2008

Les marionnettes d’Émilie Valentin investissent la Salle Richelieu à travers le roman de Cervantès revu par le Portugais Antonio José da Silva. De l’art ciselé et manipulé par de gracieux interprètes.

C’est Antonio José da Silva, auteur reconnu de la dramaturgie portugaise baroque, brûlé par l’Inquisition, qui revisite en 1733 le Dom Quichotte de Cervantès en parodiant quelques péripéties célèbres du roman espagnol. Tendus par le désir d’une fortune meilleure, le chevalier errant et son écuyer décident de parcourir le vaste monde pour la seconde fois. C’est cette époque que met en scène avec brio et justesse la marionnettiste Émilie Valentin. Comme il se doit, diverses rencontres prosaïques ou merveilleuses font obstacle au cheminement aventureux  des deux héros. Le parcours est balisé par les manigances maléfiques de Carrasco, désireux de désenchanter le chevalier à la Triste Figure, de déciller les yeux du rêveur généreux et chimérique qui se pose en  redresseur de torts et en défenseur des opprimés, cherchant à châtier les insolents ou à mettre en pièces la flotte du Grand Turc. S’il bataille contre les géants du monde, c’est aussi pour la beauté de sa Dulcinée. Sur le plateau, l’imaginaire règne entre vents et marées, montagnes et vallées, cheval et baudet, de la Grotte de Montesinos au Mont Parnasse.

Une promenade ensoleillée à l’ombre des azulejos
La dimension onirique sur le plateau est saisie grâce à la création de figures élégantes pour la Cour ou de figures populaires pour les artisans, sans oublier les fruits d’une imagination débridée, marionnettes à hauteur humaine, esprits légers et volatiles – muses ou oiseaux de nuit. Le rêve et son cortège de folies envahissent une scène investie par des objets et des poupées qui voient dans le soleil  « le premier galant astral dans la comédie du jour ». Le décor d’Éric Ruf invite à une promenade ensoleillée à l’ombre des azulejos. Claudel parlait de la beauté des églises portugaises avec leur petit cloître bleu, leurs carreaux de faïence émaillée, ornés de dessins, représentant des scènes populaires. Près des peintures des azulejos et dans le silence rustique de ces lieux sublimes, les couplets et les chansons d’Antonio José da Silva résonnent harmonieusement. Les voix de Silvia Bergé, Isabelle Gardien, Léonie Simaga, et Véronique Vella accompagnent les marionnettes presque vivantes. Grégory Gadebois est un Sancho tendre et arrogant tandis que Michel Favory porte haut le verbe poétique du chevalier. Une scène enchantée.
Véronique Hotte


Vie du grand dom Quichotte et du gros Sancho Pança
D’Antonio José da Silva, traduction de Marie-Hélène Piwnik, mise en scène d’Émilie Valentin, 20 h30 et 14h le dimanche, jusqu’au 20 juillet 2008 en alternance à la Comédie-Française 75001 Paris Tél : 0825 10 16 80 (0,15 euros/mn) www.comedie-francaise.fr Texte publié à l’Avant-Scène  Théâtre.

A propos de l'événement


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