Vénus

Publié le 10 juillet 2011

En 1810, en Afrique du Sud, une jeune fille est vendue pour sa croupe avantageuse et envoyée en Europe assouvir la concupiscence exotique des Européens : elle devient la Vénus hottentote.

Exilée par force de son pays natal, transformée en phénomène de foire, contrainte d’exhiber ses fesses, convoquée par le tribunal pour atteinte à la pudeur, relâchée et rachetée par le Baron Docteur qui l’amène à Paris pour l’étudier et en fait sa maîtresse, Vénus finit sur la table de dissection de celui qu’elle aimait, bien loin des « cocotiers absents de la superbe Afrique », comme le pleurait Baudelaire… Suzan-Lori Parks raconte l’histoire de Saartjie Baartman, partie, leurrée par des promesses de célébrité, de richesse et d’amour, pour l’Europe, et qui mourut, à vingt-six ans, désillusionnée et trahie. « C’est sur le tempo du music-hall, dans l’ambiance surchauffée d’une baraque foraine et à la folle cadence d’un train fantôme que se déroule cette brève et tragique existence. », dit Cristèle Alves Meira, qui met en scène ce texte au phrasé percutant, dont « les envolées lyriques sont cueillies par le punch d’une série d’uppercuts ». Une odyssée fantastique, fascinante et puissamment réflexive.

Catherine Robert

Avignon Off. Vénus, de Suzan-Lori Parks ; traduction de Jean-Pierre Richard ; mise en scène de Cristèle Alves Meira. Du 8 au 31 juillet 2011 à 18h50 (relâche le 19 juillet). Chapelle du Verbe Incarné, 21G, rue des Lices. Tél. : 04 90 14 07 49