La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Un Fil à la patte

Un Fil à la patte - Critique sortie Théâtre Nice Théâtre National de Nice
Légende : « La joyeuse compagnie du Fil à la patte par Jean-Claude Fall. »

Théâtre National de Nice / de Georges Feydeau / mes Jean-Claude Fall

Publié le 18 décembre 2012 - N° 205

Structure transparente de ferraille, façon Tour Eiffel avec son jeu du « caché montré », le décor du Fil par Fall ouvre à la frénésie foutraque de Feydeau. Pour un moment de plaisir franc.

Disparu à cause d’une prétendue syncope de quinze jours, Bois d’Enghien (David Ayala), figure désinvolte portée par les circonstances, revient chez son amante « légitime », Lucette (Roxane Borgna), belle amoureuse libre. La maisonnée est heureuse pour la chanteuse qui se croyait abandonnée, sauf que nul ne se doute que l’infidèle souhaite se ranger. Il signe son contrat de mariage le soir même chez une Baronne acidulée (Patty Hannock), dont il épouse la fille fantasque, Viviane (Vanessa Lyautey). Le coureur de jupons est donc venu pour rompre avec Lucette, voilà l’enjeu du vaudeville emberlificoté du Fil à la patte qui ne s’accomplit que dans une approximation incertaine, différé sans cesse  par le lâche Bois d’Enghien : « J’aborderai la question de la rupture après le déjeuner. »  D’où les ratés loufoques, les chutes brutales, les bousculades essoufflées, les avancées minables et les reculs vertigineux dans les projets égoïstes, quand on reste enfermé dans un sas mental. Feydeau s’amuse à parodier la médiocrité bourgeoise du XIXe siècle, ses prétentions, ses suffisances, son aveuglement imbécile. Une population mobilisée par l’attirance du gain et la consommation du plaisir.

Des personnages croustillants

Le metteur en scène Jean-Claude Fall opère une bascule temporelle qui place l’action à la fin des années cinquante. La direction musicale de Ghislain Hervett à la clarinette, avec Philippe Braquart au saxophone et Marie Arnaud au piano, agrémente cet esprit moderne anticipé ; les parties chantées de Feydeau sont adaptées aux exigences de partitions plus contemporaines. Comédiens assis à vue dans les coulisses, portes transparentes, circulation des personnages hors de l’action, la mise en scène choisit de donner tout à voir. La prestation désopilante des interprètes sur le plateau est sans équivoque, pleine et frontale : les acteurs font vivre des personnages peu glorieux mais croustillants. Le rendez-vous est honoré avec la brochette spectaculaire de ces types humains farcesques. Tous font preuve de talent, Didier Chaix, Samuel Carneiro et Vincent Leenhardt. Bouzin, le compositeur fadasse de chansonnettes légères, est incarné par Dominique Ratonnat. Isabelle Fürst, enjouée et virevoltante, est Miss Betting. Anna Andreotti incarne Marceline, la sœur de Lucette, une  vieille fille maladroite inénarrable. Quant à Gregory Nardella, il incarne avec un brio rageur un Général sud-américain viril, ténébreux et jaloux comme dans les romances faciles. Un moment de plaisir franc et une analyse bouffonne des comportements irraisonnés.

Véronique Hotte

A propos de l'événement

Un Fil à la patte
du jeudi 31 janvier 2013 au dimanche 3 février 2013
Théâtre National de Nice
Promenade des Arts, 06300 Nice

du 31 janvier au 3 février 2013. Tél : 04 93 13 90 90.
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